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Tales of Komi

23 juillet 2013

TALAISTS' CHRONICLES - Sommaire

NdA: Les différents livres sont indépendants entre eux et peuvent être lus dans l'ordre qui vous convient, bonne lecture! ;) LIVRE I : LE TALAISME POUR LES NULS LIVRE II : LE TALAISME EXPLIQUE PAR LES TALAISTES (POUR LES NULS!) CHAPITRE 1 : La création...
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23 juillet 2013

Talaists' Chronicles - LIVRE II: Le Talaisme expliqué par les talaistes (pour les nuls!)

LIVRE II

Le talaisme expliqué par les talaistes (pour les nuls!)

 

 

CHAPITRE 1

La création du monde

 

Le Streukhnut racontequ’un jour, alors qu'il se faisait chier car il n'avait rien à faire, Dieu songea à créer le monde et l’univers afin de ne plus être le seul à flemmarder. Mais ce n'est pas à ce moment-là que commença le monde tel qu'on le connaît aujourd'hui. Non, ça, on le doit à Tala, déesse de la Débauche et de la Perversité.

Dieu commença donc à créer le monde et l'univers. Mais entre-temps, Belzébuth, jaloux que Dieu ait le monopole (et la vedette) de la création de tout ça, mit son grain de sel et créa à chaque fois à l'opposé de Dieu, afin de le surpasser. Dieu s'y mit aussi. Ils jouèrent tous les deux à "super warriors: c'est moi qu'a n'ai la meilleure création" sans qu'aucun des deux ne gagnât. Ainsi sont nés Tala de la Sanglante et Max Dufromajblanc, son fidèle acolyte. Ce furent les prémices de la création du monde tel qu'on le connaît, si vous voulez mon avis.

Car voyez-vous, Tala créa le Rouski Ramiak.

Tala créa la commis.

Tala créa le pète et la beuh.

Tala créa la clope (et se gausse aujourd'hui en lisant ses paquets de clopes, elle qui est immortelle).

Tala créa le sake et la vodka.

Tala créa la cuite no jutsu.

Tala créa le sexe et le Kama Sutra.

Tala créa la perversité.

Tala créa la débauche.

Tala créa les champignons violets et l'envie de caca.

Tala créa la connerie pour ne pas mourir d'ennui.

Tala créa la Petite Paresse, une maladie contagieuse qui rend flemmard le contaminé et qui n'apparaît que de manière ponctuelle, au contraire de la grande paresse qui est perpétuelle.

Tala créa le Talaisme.

Tala créa le Streukhnut.

Tala créa le sexy-penis no jutsu car le monde (=elle) en avait besoin

Tala créa la grève du sexe, le meilleur moyen de pression d'une femme sur son homme.

Tala créa le café et tua le con qui créa le café-crème, boisson favorite de Charlie.

Et à sa suite Max créa une liste de choses toute aussi impressionnante, répandant ainsi la débauche dont sa comparse divine avait semé les graines…

Et la débauche continua de se répandre petit à petit…

Le Rouski Ramiak créa la dépendance informatique.

Et Komi se contenta de créer le service fidèle et loyal avec rapport qualité-prix.

Et le père humain de Komi créa la marche rythmée au son du pet.

Et le Talaisme se répandit de par le monde avec la débauche qui l'avait précédée, car Tala la Grande Débaucheuse est parmi nous.

Ainsi furent créées les Ecritures Saintes du Talaisme sur l'origine du monde, dans le Streukhnut.

 

 

CHAPITRE 2

Comment prier la déesse Tala

                              "

Grande Tala qui n'est sûrement pas aux Cieux,

Que ta Beuh et que ta Vodka soient sanctifiées,

Que ta Débauche soit faite

Dans le monde entier et même ailleurs!!

Donne-nous aujourd'hui notre clope du jour,

Pardonne-nous notre vertu

Comme nous pardonnons aussi,

A ceux qui nous l'ont enseignée,

Et ne nous soumets pas au Châtiment Divin

Et délivre-nous du balai dans le cul!!

Car c'est à toi qu'appartiennent,

Le Sanguinaire, la Puissance, le Vice, la Débauche et la Gloire,

Jusqu'à la fin des temps et plus.

                                                                                           "

 

CHAPITRE 3

Tala et les divines Gojyo

 

La légende raconte qu'il y avait un petit prince appelé Gojyo. Il avait de longs cheveux qui lui tombaient en cascade dans le dos. Le petit prince a-do-rait boire l'hydromel du Royaume, la Vodka.

Les serviteurs du palais lui en servaient à volonté.

Mais un jour, la Vodka si goutue du Royaume vint à manquer. Il voulut alors puiser dans les contrées avoisinantes. Mais il n'y en avait plus. Il réunit tous ses guerriers, fidèle par l'Ordre de la Déesse et leur demanda de trouver la cause de cette soudaine pauvreté.

Au bout d'un certain temps, un de ses guerriers revint avec la réponse...Il existait un double du prince! La meilleure, c'était qu'il avait été conçu par une jeune magicienne et qu'il buvait autant que l'original!

La Déesse, jalouse (on-ne-sait-pourquoi) de ses fidèles, en prit ombrage. Fâchée, elle sortit de son soutien-gorge un livre poussiéreux à la couverture jaune et toute usée et prononça une formule magique de grand pouvoir: "Toutouyoutou" en faisant de grands gestes. Alors la Fée des Pages Jaunes,au service de la Déesse, en sortit. La Déesse lui ordonna:

– Je veux tous les Gojyos de l'univers à mes pieds.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

C'est ainsi que toutes les répliques du prince et le prince en personne eurent l'infini honneur de porter le poids de l'incommensurable pouvoir de la Déesse sur la tête, tels Atlas qui portait le poids du monde sur lui... Ils eurent l'immense privilège de chausser leur déesse.

Dans les rites consacrés à la Déesse, on ne cessait de célébrer ses deux nouvelles chaussures, ses Gojyo.

 

CHAPITRE 4

La commis et un monde sans sexe ou l'art du conte qui sert à rien

 

Il était une fois, dans un pays qui se trouvait quelque part entre l’infini et l’au-delà, une gentille petite commis qui était fort, fort gentille. Elle vivait seule avec son chien dans une maison dans la forêt, perdue entre des montagnes. C’était le summum de l’isolation et de la solitude. Et cela rendait notre commis fort, fort triste. Elle aspirait à de nouvelles découvertes, à de nouvelles aventures, etc.

Un jour, son chien, gravement, très gravement malade, l’envoya quérir son-père-grand, qui était chien de médecin. Et c’est ainsi que commença la quête de la commis.

Elle alla voir sa voisine et profita d’une de ses absences pour lui voler son chaperon. C’était une belle pièce d’un tissu rouge vif. Komi fut heureuse de son larcin, car il faisait froid dehors dans les montagnes et elle pressentait que son voyage serait très long…et sa quête ardue.

Elle trouva un chat nu dans l’eau occupé à se baigner ; évidemment, je ne vois pas non plus ce qu’il aurait pu y faire d’autre. Cette rencontre permit à Komi de découvrir l’anatomie féline. Mais ce n’était encore pas suffisant pour lui dire à quoi ressemblait le monde. Bref, Komi lui vola ses bottes et repartit vers la maison du père-grand de son chien. Komi fut heureuse de son larcin, car les sentiers sur sa route seraient sans doute rocailleux et elle pressentait que sa route serait longue, et sa quête ardue.

Komi trouva un traîneau tiré par des rennes abandonné au bord de la route. Un homme, plutôt vieux se tenait debout face à un arbre en sifflotant. Komi découvrit alors l’anatomie masculine et l’art d’uriner debout. L’homme ne la remarqua pas ; Komi profita de son inattention pour lui voler son traîneau. Komi fut heureuse de son larcin, car elle en avait déjà assez de marcher, et elle pressentait que son voyage en serait grandement raccourci, et sa quête beaucoup moins ardue.

Elle se trompa de chemin et prit la route du retour sans le vouloir, car elle n’avait pas le sens de l’orientation, sa marraine la fée ayant oublié de venir à son baptême…

Quand elle entra, sa quête prit fin car son chien avait simplement des problèmes intestinaux qui avaient eu le temps de se soigner tout seul, alors qu’elle se perdait.

Komi avait découvert l’anatomie et avait vécu une nouvelle aventure : la quête de père-grand et la découverte du monde et des mystères de la vie, mais regretta que ce soient un chat et un vieux monsieur en rouge qui les lui aient appris !

 

Moralité 1: Il y toujours du sexe dans les contes dits dans le « genre talaiste », mais il est très difficile d’en mettre quand les seuls personnages sont : un chien, une commis, un chat, et un vieux monsieur en rouge.

Moralité 2: C’est un conte qui ne sert à rien.

 

23 juillet 2013

Talaists' Chronicles - LIVRE I: Le Talaisme pour les nuls

LIVRE I

Le talaisme pour les nuls

 

Streukhnut: livre religieux sur lequel est fondé le Talaisme

Talaisme: religion mineure apparue il y a quelques années et fondée principalement sur la pratique du Bien Fumé et Du Bien Bu.

Adeptes: au moins 200. Dont la déesse elle-même à qui est voué le culte. Sans parler de son mari et de ses 99 hommes (au moins!) qu'elle compte dans son harem divin. L'identité des autres adeptes est un peu floue. Néanmoins, on lui connaît quelques membres, presque officiels, l'accompagnant dans la plupart de ses déplacements:

  • le Rouski Ramiak, dit "Animal Divin". Prénom: Off
  • Max Dufromajblanc; fonction: réparateur de la machine à café
  • Titishka ; base de données vide
  • Komi de la Parlante; véritable identité: Sandrô Komi; fonction: commis multi-services
  • Gauthier, dit le "Divin Troubadour"; fonction: chanter les exploits de sa déesse

Tala: objet du culte talaiste

 

23 juillet 2013

Talaist's Chronicles - LIVRE IV: Errances talaistes

CHAPITRE 1

Le Manoir de la Débauche

 

Dans des temps oubliés (de nos jours) vivaient en des lieux méconnus (à Vertu City) une irréductible divinité et sa secte d’irréductibles adorateurs… Peut-être avez-vous déjà croisé la route de Tala, sans même le savoir, peut-être avez-vous déjà demandé du feu à la Sanglante. Ou peut-être la Grande Débaucheuse vous a-t-elle débauché, auquel cas regardez dans votre portefeuille et cherchez une carte du Talaisme. Si vous n’avez pas votre carte de membre, remplissez le formulaire délivré par Komi-postal : votre carte vous sera envoyée par voie divine.

Celle qui se faisait appeler Tala de la Sanglante avait installé son divin repère de débauchés dans la ville la plus vertueuse qui soit, avec pour ambition d’en faire une ville de débauche, la plus débauchée qui soit. Tala tenait une petite boutique, l’Akiba Station, dans le Quartier du Livre, en partenariat avec Max Dufromajblanc.

C’était une boutique qui vendait du bonheur aux fans de mangas, animes, et même aux fans de jeux-vidéos. Ce qui n’était au départ qu’une boutique de figurines et goodies s’était largement diversifiée quand ses propriétaires talaistes avaient dû faire face à la concurrence. Et aujourd’hui, la boutique proposait mangas, jeux-vidéos, animes, figurines, goodies, CDs d’animes et jeux-vidéos ; enfin bref, le client était roi ! Le jeu-vidéos à l’honneur était bien sûr « Final Fantasy 7 ». Pourquoi ? Parce qu’ils (les créateurs du jeu) avaient un jour téléphoné à Sephiroth, le mari de la déesse, pour créer un grand méchant qui aurait sa prestance, son apparence et sa voix. Un store géant le représentant dans le jeu trônait d’ailleurs dans la vitrine. Tala avait usé de ce stratagème non seulement pour se donner envie de rentrer dans le magasin pour travailler, mais aussi pour forcer les gens qui voulaient voir les nouveautés à rentrer, car le store en question était affiché aux trois quarts devant l’étalage des nouveautés. Et à tous les sceptiques, je tiens à ajouter que cette façon de faire purement talaiste marche très bien !

Un anonyme venait juste d’offrir un manoir à Tala. Sans doute un divin talaiste avait-il respecté d’un peu trop près les divins fondements du Talaisme concernant le Pète ou la Beuverie…Car cette personne vit grand, très grand. Et cependant à la hauteur de la grandeur de Tala…Ce n'était pas un de ces petits manoirs comme on en voit aujourd'hui.

– Voilà. Qu’est-ce que t’en penses, Max ? demanda Tala en se tournant vers son associé.

– Ouai, ça pète, les gens vont pas la louper !

Tous les deux avaient le nez levé en direction du dessus de leur devanture de magasin. Ils avaient passé une partie de la semaine entre (et pendant) les cours et le boulot sur ce projet, mais ça valait le coup. L’obket de leur fierté s’agitait joyeusement au gré du vent qui s’engouffrait dans la petite cours intérieure où se trouvait leur boutique. La banderole arborait des couleurs vives, histoire d’attirer l’œil du client ; elle annonçait le grand déménagement de Tala de la Sanglante, Déesse de la Débauche et de la Perversité, et que toute aide serait appréciée, aide qui attirerait sur tout volontaire la Grâce Divine (sous forme d’une remise de 5% sur certains articles du magasin).

Une dame d’un certain âge, occupée à promener son chien, un chien si petit qu’il aurait pu rentrer dans le sac à main qu’elle avait à l’épaule. Elle leva la tête et s’interrogea à voix haute :

– Qui est cette déesse ?

– Tala de la Sanglante, lui répondit Max, qui l’avait entendue.

– Sanglante ?! Mais c’est dangereux ! Et c’est une secte ?

– Oui, intervint joyeusement quelqu’un derrière la vieille dame.

Cette dernière leva le menton et eut une moue dédaigneuse.

– Fi ! Viens, Oscar, laissons-là ces gens. Les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient de mon…

– Viens Max, laissons-là cette vieille, nous on a du boulot, la coupa Tala comme si elle n’en avait rien à faire de ce qu’elle disait, ce qui était en partie vrai.

La vieille dame prit son chien dans ses bras, trop impatiente de partir pour attendre qu’il ait fini sa grosse commission. Evidemment la pauvre bête ne put s’arrêter comme ça en si bon chemin, comme tout le monde d’ailleurs. Ce qui fit que sa pauvre maîtresse toute sale maintenant rata sa sortie. Cela ne l’empêcha pas de s’éloigner d’un pas digne sous les rires de nos trois amis et les aboiements joyeux du grand chien noir qui accompagnait la nouvelle venue.

– On ne va pas avoir beaucoup de monde, comme ça, déclara Max d’un ton pragmatique en la regardant s’éloigner.

– Komi, t’es qu’un boulet ! lança Tala en se tournant vers les nouveaux arrivants. Si tu parles de secte, comment veux-tu qu’on trouve du monde pour mon déménagement ?

Sandrô Komi eut la bonne idée de prendre un air contrit et son chien-loup, Esprit de se faire discret en allant chasser les pigeons qui traînaient leurs panses bedonnantes sur les pavés de la cour. N’eût-ce été sa grande taille, anormale pour un chien autant que pour un loup, et la longueur extrême de ses poils, on l’aurait pris pour un loup, en plus massif. Sa taille n’aidant pas beaucoup à se fondre dans le décor, les pigeons s’aperçurent vite de sa présence et se donnèrent mutuellement l’alerte. Mais Esprit avait l’habitude de chasser. Puisque la discrétion n’était plus de mise, il força l’allure et fit un bond de presque trois mètres de haut, dans l’espoir d’attraper la proie qu’il avait repérée et prise en charge.

Komi, Max et Tala s’amusèrent de son échec.

– Bizarre qu’ils arrivent encore à voler avec leurs panses, s’étonna Tala.

Ce n’était pas drôle.

C’était Esprit qui venait de parler à Komi grâce au lien psychique qui les unissait. Cette faculté s’était imposée à eux dès leur première rencontre, alors que Komi n’était qu’une fillette. Il sourit en se souvenant de cette fillette qui, du haut de ses six ans, l’avait baptisé « Esprit ». Ils n’avaient cependant pas tardé à découvrir, une fois Sandrô Komi adulte, qu’en fait il s’appelait Daemon, et qu’il avait un passé guère très reluisant. Passé qu’il avait oublié jusqu’à la découverte de son vrai nom. Mais son nom de baptême était bien trop ancré dans l’habitude des gens pour qu’ils l’appelassent autrement que par le nom que lui avait donné Komi. Il avait même le droit assez souvent à un : « Hey, le clebs ! ».

– Bon, moi je rentre m’occuper des affaires, déclara Max.

Brave Max, enfin quelqu’un qui se montrait responsable et qui s’occupait du business.

– Moi aussi. Komi, tu voulais quelque chose en particulier ? demanda Tala.

– Voir les parutions et…

– Brave Komi ! C’est gentil d’essayer de faire tourner nos affaires. Que veux-tu-nous…

– En fait, j’étais venue…

– Pas pour annuler pour après-demain ?...

– Euh…

– Komiii ? Tu crois quand même pas qu’on va se charger de ton bordel ?!

Les affaires des différents talaistes seraient toutes acheminées au Manoir de la Débauche car ils y vivraient tous. Certains n’auraient que des vêtements et des armes (katanas, sabre-laser…) ou des instruments de musique (guitare ou violon comme Max et Titishka) ; d’autres comme Komi auraient des tonnes de bric-à-brac.

– Alors Komi ? Ce n’est pas nous qui allons transporter ton bordel ?!...

–  Non, bien sûr…

– Alors tu viens.

– On a besoin de moi, j’ai une mission.

– Tu viens. Ca pourra attendre une journée ou deux, ton truc. Ou je fous tes affaires à la benne par voie divine.

Autrement dit, Tala ne se gênerait pas pour utiliser son pouvoir divin pour se débarrasser du surplus…

– Pff…Bon, d’accord…soupira Komi.

Comme la plupart des gens, Komi ne pouvait rien refuser à sa Divine des Divines.

– …je vais essayer de m’arranger avec mes employeurs. Mais je ne promets rien ; je devrai sans doute partir aussitôt le déménagement terminé.

Komi la salua et s’éloigna, son chien sur les talons, sans même être entrée dans le magasin. Bizarre, se dit Tala, qui savait que sa commis aimait bien feugner, même si elle n’achetait pas souvent. Tala finit par rentrer, elle aussi. Elle trouva Max occupé à fumer un joint, assis derrière le comptoir et plongé dans la lecture de Bleach, tout en s’occupant des achats des clients. Tala ne put résister à l’invitation muette que représentait cette tentation du démon. En même temps, elle n’était pas la fondatrice du Talaisme pour rien. C’aurait d’ailleurs été indigne d’elle de ne pas montrer l’exemple (quoique Max n’en eût pas tellement besoin) en appliquant les préceptes talaistes concernant le Divin Pète. Mais à Bleach, elle préféra Saiyuki etson dernier volume paru.

Les mangas furent bientôt abandonnés et nos vendeurs préférés commencèrent à bien s’amuser. Ce furent Komi et Esprit qui se chargèrent de tenir la caisse du magasin lorsqu’ils revinrent une heure plus tard.

*

Le surlendemain.

Tala, dite « de la Sanglante », avait décidé de faire de ce don fabuleux qu’était le manoir un lieu de résidence, mais aussi de culte au Talaisme. Lorsque Tala arriva avec sa suite devant le bâtiment qui serait leur nouvelle demeure, tous furent époustouflés, et même charmés par l’endroit. De haut murs blancs entouraient la propriété et la protégeait des regards indiscrets. Mais entre les barreaux des grilles ouvragées, noires, et dorées à l’or fin, le visiteur pouvait apercevoir l’allée bordée de saules pleureurs et la pelouse bien entretenue.

Tala et ses compagnons pénétrèrent dans la propriété sous l’œil vigilant des deux énormes gargouilles de chaque côté des grilles. Leur aspect avait de quoi rebuter les personnes aux intentions malveillantes et jurait énormément avec la blancheur immaculée des murs d’enceinte. Le manoir avait la même pureté que les murs entourant la propriété et, sur l’avant, était soutenu par des piliers qui constituaient le perron. Ils avaient parcouru deux bons kilomètres de l’entrée jusqu’au bâtiment principal.

– Génial ! J’espère qu’il y a beaucoup de pièces ! s’exclama Sephiroth, le divin mari et Premier du Harem.

Chaque homme du divin harem avait un numéro qui lui était attribué en fonction de l’importance des faveurs accordées par Tala. Ainsi, le divin (et unique ; jusqu’au jour où elle se maria en secret avec Jeff H. et se mariera, toujours dans le dos de Seph, qui est jaloux, avec Marc Ouhlà Alexouille Léhaut) mari de Tala était-il le Premier de ce Harem. Le Second était Jeff, le divin Catcheur ; et le Troisième, Gojyo, le Divin Kappa Pervers. Ce dernier était absent ce jour-là ; il était parti peu de temps avant les fêtes de Noël, en mission avec Sanzo, Goku et Hakkai. Le Divin Harem était entièrement constitué de mâles réservés à une seule et même personne : Tala. Et attention à qui voulait s’approprier n’importe lequel d’entre eux, car Tala était très jalouse. Le, ou la, téméraire avait intérêt à courir plus vite que Tala ne pouvait lever un doigt pour lancer sur lui, ou elle, son divin pouvoir.

– J’espère vraiment qu’il y aura beaucoup de pièces à visiter, insista Sephiroth avec un sourire coquin à l’adresse de sa compagne.

Les hommes du harem divin faisaient tout leur possible pour s’attirer les faveurs de Tala, mais ils ne cherchaient pas à s’entre-tuer, car Tala était vigilante et n’admettait pas qu’on montrât sa jalousie au sein de son harem d’hommes, et encore moins les rixes entre les divins concubins. C’est pourquoi, si l’un d’entre eux remarqua le sourire de Sephiroth, il ne broncha pas. D’autant plus que les autres  n’avaient aucune chance contre Sephiroth, qui savait se servir de son katana, si besoin était et était resté imbattable jusqu’à ce jour. Le seul qui fut ostensiblement jaloux était donc Sephiroth lui-même. D’ailleurs, c’était souvent sujet de discorde dans le couple divin, pour le plus grand bonheur des autres hommes car Tala se tournait alors vers l’un ou l’autre d’entre eux…

Il faut dire que Sephiroth avait une manière quelque peu…brutale, d’exprimer sa jalousie vis-à-vis des autres concubins. Comme les tuer, par exemple. Ainsi, dans les tout-débuts du harem de Tala, les effectifs diminuaient dangereusement.

Tala en tête, les visiteurs montèrent les trois marches du perron, qui donnaient accès sur une porte en bois massif où une tête dorée de lion avec un anneau dans sa gueule tenait lieu de heurtoir. Komi décida tout de suite de le tester, sous les yeux condescendants, amusés, agacés ou indifférents de ses compagnons. Elle avait abandonné pour cela cartons, valises, malles, coffres, etc., contenant des livres qu’elle n’avait pas quittés des yeux tout le trajet durant jusqu’au manoir, guettant le moindre cahot qui aurait pu les faire tomber et ainsi les abîmer. Ou même le moindre voleur qui se serait risqué à s’approcher de trop près, même si, de vous à moi, il faut l’avouer, personne ne se serait risqué à voler des livres de moindre valeur et qui plus est gardés par un chien massif à l’air guère encourageant. Vous n’êtes pas d’accord ? Le chien en question n’était guère convaincu lui non plus, et son air mauvais tenait plus de son apparence physique que d’une quelconque attitude agressive de sa part.

Sandrô, calme-toi un peu, voyons, tenta-t-il de la raisonner.

Il était l’un des seuls à l’appeler par son prénom, et bien qu’il l’ait gentiment tancée, il était tout aussi enthousiaste qu’elle.

Arrête de faire le rabat-joie, t’es aussi impatient que moi !fut la réponse de son amie humaine.

Oh, oui, ils étaient tous très impatients ; certains pour la découverte des lieux, d’autres pour installer au plus vite tous les branchements d’ordinateur pour reprendre leur vie de geek, d’autres encore avaient le baromètre de l’impatience qui se situait en dessous de la ceinture, comme un certain homme aux longs cheveux gris argentés qui avait des tendance un peu trop possessive avec la divinité qui lui servait de compagne. Komi ne faisait donc qu’extérioriser le sentiment de chacun.

– A toi l’honneur, Tala, invita Komi en lui laissant le passage.

Le petit mot qui annonçait, d’une écriture en zig-zag (peut-être à cause de la picole…) le don fait à Tala, disait que la clé était sous le paillasson (le coup classique).

 

CHAPITRE 2

Beuverie en folie

 

Une superbe jeune femme blonde apparut dans le champ de vision de Ferdinand. Il laissa son regard errer sur les formes généreuses de la femme. La poitrine qui débordait du décolleté, les jambes dévoilées par une jupe qui ne descendait pas plus bas que les fesses bien bombées de la femme.

Sans qu’il s’en aperçoive, la bouche de Ferdinand s’était ouverte et un filet de bave s’en échappait pour cascader le long de son menton. Ferdinand s’essuya le plus discrètement possible les coins de la bouche et jeta un coup d’œil à la jeune femme pour voir si elle avait remarqué son manège. Mais ses yeux bleus voilés par des paupières alourdies de fard à paupières bleu vif l’invitaient à venir réaliser avec elle ses fantasmes les plus fous. Ses lèvres lui susurrèrent :

– Tu viens ?

Il n’en fallut pas plus à notre brave Ferdinand qui était déjà tout émoustillé. Ce serait son premier rendez-vous galant, bien qu’il ait près de la trentaine. Très chers lecteurs, la pudeur m’interdit de vous raconter par le menu détail cette première expérience sexuelle de Ferdinand, parce que je ne vais pas tenir les chandelles pour pouvoir mieux raconter ce que j’aurai vu dans mes ouvrages. D’ailleurs, remerciez-moi grandement de vous épargner les menus détails, car je suis sûre que la plupart d’entre vous grimaceraient à ce qui va suivre…

Non loin se trouvait une ruelle sombre que la lumière des lampadaires n’atteignait pas. Pas très romantique, tout cela, mais pour un brave type de  la trentaine et de la trempe de Ferdinand, on n’avait plus le temps de faire dans le romantisme, si on voulait finir dépucelé avant le curé de 90 ans qui se mettrait en retraite d’ici peu et en profiterait ensuite pour se faire dépuceler par une de ses bigotes. Oui, je sais, c’est un homme de religion, etc…Mais dans ce brave Village Caché de la Beuh Pas Fumée, les mœurs étaient quelque peu différents…

Semblant lire dans ses pensées, elle l’entraîna vers la ruelle. Elle le tira littéralement jusque là-bas. La pleine lune fut obstruée par un gros nuage. Un cri s’échappa de la ruelle. Un cri d’agonie, long, strident, qui finit étouffé par un grognement bestial.

Une pluie de sang émanant de la ruelle vint éclabousser les pavés de la rue principale. Une forme indistincte, à mi-chemin entre l’animal et l’humain, sortit de la ruelle et s’enfuit. Comme quoi, c’est un conseil avisé que je vous ai donné un peu plus tôt : ne tenez jamais les chandelles des amants, ou vous risqueriez de vous faire tuer ; soit par un mari jaloux que vous vous fassiez complice de la tromperie ; soit par les amants eux-mêmes, qui n’aiment guère afficher leur amour ; ou encore, comme dans le cas présent, il pourrait bien s’agir d’un crime si affreux que vous ne voudriez y assister pour rien au monde. On ne sait jamais ce que la vie a à nous offrir… Souffrez donc que je ne me sois pas aventurée à tenir la chandelle à ce couple et que je ne puisse donc pas vous raconter par le menu détail ce que Ferdinand connut dans les dernières minutes de sa vie.

Sachez cependant une chose à propos de notre cher Ferdinand : il mourut dépucelé, même si ce ne fut pas un dépucelage des plus doux et plaisant sur le moment de la fin…

*

Tala, assise à la Taverne du Coin, cigarette dans une main et verre de vodka dans l’autre, regardait Komi danser la samba – ou plutôt tanguer – debout sur une table :

– ‘Fallait pas toucher ma réserve de sake ! P’tite joueuse ! Mais quel gâchis ! T.T

Off la regarda, les yeux implorants d’n ramiak battu…

– T’avais dit qu’on boirait le sake ensemble…

– T’inquiète le ramiak, elle n’a pas eu le temps de boire grand-chose.

Esprit regardait aussi Sandrô, couché à côté de leur table, ses oreilles bougeant de temps à autre quand il prêtait l’oreille à un bruit, ou même à une conversation. Comme à cet instant, celle d’un homme et d’une femme qui discutaient à voix basse à une table en retrait dans un coin mal éclairé de la salle. Ils semblaient indifférents au bruit ambiant provoqué par Komi et les compagnons de boisson qu’elle s’était dégotés. Le tenancier était heureux : Komi poussait les gens autour d’elle à consommation.

– Et on a retrouvé celui qui a fait ça ?

– Non, aucune preuve, aucun témoin, pas de suspect donc pas de coupable.

– Alors, on va renoncer à le chercher ?! Il y a forcément un coupable !

– C’est l’œuvre d’un pro. C’est élémentaire, ma chère Watson. Il aura effacé les traces.

L’homme qui avait dit cela était petit, avait la peau complètement bleue, une barbe blanche, signe de sagesse dans certaines peuplades, et un magnifique bonnet rouge en laine en guise de couvre-chef. Il fumait la pipe, confortablement assis sur la table. Son interlocutrice et lui n’étaient guère plus grands que le verre de vodka que tenait Tala. Esprit, grâce à sa vision canine, n’avait aucun mal à les observer. La femme, plus petite que son compagnon de tablée, avait un bonnet en laine blanc et les cheveux blonds.

– Alors que fait-on ? lui demanda-t-elle.

– On attend. Sortez votre PC et jouez donc ! Ou travaillez sur l’autre affaire, je ne sais pas, moi.

– Attendre ? Passer à une autre affaire ?! On ne va quand même pas laisser tomber ! Il s’agit de notre Grand Puissant Nabô ! On ne va pas rester les bras croisés pendant qu’un…un individu de la pire espèce s’amuse à saccager nos plus belles représentations du Méga Puissant Mais Pas Très Grand Beuhkage le VI !

– Qui a parlé de laisser tomber ? Le piège que j’ai préparé devrait fonctionner donc je ne vois aucune raison de tout gâcher par trop de précipitation. Alors, Watson, détendez-vous, détendez-vous. Jouez sur votre ordinateur, ou que sais-je ? Ou profitez du spectacle, ajouta-t-il en désignant Komi qui tanguait de plus en plus et menaçait de tomber.

Elle finit par tomber quelques minutes après, moulinant violemment des bras pour essayer de garder son équilibre. La chute sembla la réveiller un peu. Elle se dirigea en chancelant vers leur table, appuyée de tout son poids sur le flanc de son chien qui s’était levé pour lui venir en aide.

– Jure sur la tête de Gaara et Aoshi de ne plus toucher à mes réserves de sake ou de vodka, lui lança Tala.

– Sur la tête de Seph…

Komi devait être devenue suicidaire à cause de la boisson… grand mal lui en prit car Tala bondit de sa chaise et empoigna Komi par le col et lui dit avec calme, pendant qu’Esprit se tenait sur ses gardes, prêt à intervenir :

– Vas-y répète un peu pour voir !

– Fais gaffe, Gibbs te guette…, menaça Komi.

– Il s’est réincarné en chien, Gibbs ?

– Euh…

– Peu importe, j’attends.

– Bah, moi aussi.

– Pas de rébellion ! s’exclama Tala en resserrant sa prise.

– Euh…d’accord…Aoshi…Gaara…

Tout à coup, Gaara tomba de sa chaise à la renverse en se tenant la tête et en grimaçant de douleur. Et quelque part au Japon, un samouraï était pris d’une sérieuse migraine… Nota bene : ne jamais jurer sur la tête de quelqu’un si on n’a pas l’intention de tenir ses promesses. Komi s’était montrée impatiente d’aller dans le Village de la Beuh Pas Fumée parce qu’elle savait justement que son héros, Gaara du Désert y passerait quelques jours pour affaires de Kazekage. Sa table était plutôt éloignée de celle de la jeune fan talaiste, mais Off, Tala et Komi virent bien qu’il n’était pas dans la meilleure des formes. Il se tenait la tête et gémissait de douleur. Dans la salle, personne ne réagit vraiment, soit parce qu’ils étaient trop ivres, soit parce qu’ils étaient justement convaincus que Gaara étaient en train de dessaouler.

(CENSURE : Tala agacée par les gémissements de Gaara et les geignements d’inquiétude de Komi, en profita de ce qu’il était trop malade pour riposter pour l’assommer, en affirmant à sa commis qu’il ferait un petit somme et donc n’aurait plus mal.)

Komi n’eut pas le temps de protester pour le crime de lèse-jenesaisquoi qu’avait commis Tala qu’un policier entrait dans la taverne, essoufflé. Il dut crier pour se faire entendre (après avoir soufflé pendant dix bonnes minutes au moins.)

– Inspecteur Lefrock Sheroumf! Inspecteur Lefrock Sheroumf! Où êtes-vous inspecteur Sheroumf ?

A la table occupée par les petites personnes bleues, un homme s’avança et prit quelque chose qui y était posé. Puis il se dirigea vers un autre policier. Cet homme était aussi un policier, enfin en quelque sorte, mais on ne l’aurait jamais cru : il avait les cheveux bruns en broussaille, un visage ridé et une vieille et misérable robe de sorcier.

–  Ah ! Sergent Bôcu. Voilà l’inspecteur Sheroumf et son assistante Docky Watson. Vous les cherchiez, je crois, ajouta-t-il en tendant la main et en l’ouvrant.

Et là, lecteurs, profitez bien de cette réplique, parce que notre ami en robe de sorcier n’est pas quelqu’un qui cause beaucoup, vous savez. Sur sa paume ouverte reposaient en effet l’inspecteur et son assistante.

– Du nouveau, Bôcu ? demanda l’inspecteur.

– On le tient ! Celui qui a saccagé la statue de notre Plus Grand des Pas Très Grands Beuhkage , celui que a écrit sur la statue la phrase sacrilège, qui a commis l’affront suprême, qui a osé…

Et Bôcu continua dans ce registre encore quelques minutes. Pendant ce temps, je vais vous expliquer ce qu’est ce crime affreux perpétré à l’encontre de cette malheureuse statue qui n’a fait de mal à personne. Pauvre statue.

Dans le Village de la Beuh Pas Fumée, il y a en haut d’une falaise toutes les statues des Beuhkage. Et l’une d’entre elle est celle de l’actuel Beuhkage représenté dans toute sa grandeur… Or, notre criminel encore méconnu a osé affubler cette honorable statue d’un nez de clown (au lieu d’aller le mettre à celles qui n’ont pas de nez comme le Sphinx, par exemple, qui aurait été heureux de retrouver enfin un nez) et a écrit ces mots horribles : « Le Beuhkage est un nain ». Pas si terrible que ça, à nos yeux de citadins ; mais pour des villageois de campagne, c’est un crime grave…

– Vous voyez Watson, on a déjà un résultat.

– Il attend dans sa cellule, ajouta Bôcu.

– Bien, alors allons-y. En route, Garalagamel, ajouta Sheroumf à l’intention de l’homme en robe de sorcier qui leur avait servi de moyen de transport à lui et sa collègue un peu plus tôt.

Précédé de Bôcu, Garalagamel sortit de la Taverne du Coin. Il avait le bras tendu devant lui, la main un peu refermée sur les deux enquêteurs pour éviter de les faire tomber en marchant. Malheureusement, une chute devait avoir été programmée quelque part sur le rouleau de leur vie, aujourd’hui, car à sa bonne habitude, Garalagamel ne fit pas attention où il mettait les pieds et rata la marche à l’entrée de l’établissement. Les deux enquêteurs hurlèrent à l’homme distrait :

– Gare à la gamelle !

Ce devait être un code entre eux car l’homme resserra son poing, histoire de leur éviter les désagréments d’une chute fatale. Après avoir vérifié que les deux inspecteurs allaient bien, Garalagamel se releva et repartit à la suite de Bôcu, non sans se frotter la fesse gauche de sa main libre…En chemin, Sheroumf demanda à Bôcu :

– Qui est le suspect ?

– Sepaturo Oke.

– Mmh. Un des proches de notre Beuhkage. Il l’a aidé dans une mission liée au trafic de sushi empoisonnés. Autre chose sur lui ?

 – Non, sauf qu’il veut se venger.

– En voulant mettre un nez de clown à la statue de notre Beuhkage ?

– Oh non, il ne veut pas se venger de notre Beuhkage.

– De qui alors ? Ah, je vois, oui c’est normal qu’il veuille se venger de ceux qui veulent le mettre en prison. J’ai l’habitude à force.

– Oh non, il ne veut pas se venger de vous.

– Mais alors, de qui ?

– De personne, monsieur, de personne.

– Pff. Encore un fou à escorter à l’asile.

*

Alors que tout le monde sautait de joie à la taverne, lançait des hourras à qui peut mieux, Tala sirotait tranquillement son verre de vodka favorite et Off le sake sur lequel Tala lui avait permis de mettre la main (et les lèvres). Elles ne semblaient guère très affectées par l’allégresse générale. Cependant, Tala y participa quand elle apprit que c’était tournée générale pour le patron de l’établissement. Elle but à la santé du Giga Ultra Plus Grand Beuhkage. Ce supra-qualificatif lui valut une centaine de fûts de vodka offert par la maison. Elle put ainsi remplacer la perte d’une partie du sake et de la vodka déjà bus depuis qu’elles avaient entrepris ce voyage. Off et Komi en avait bu très peu, mais pas Tala…bien sûr, elle en avait bu plus que ça. Les fûts seraient livrés à domicile, mais en attendant, elle pourrait profiter gratuitement de la vodka disponible à la taverne, lui expliqua le patron ; une erreur si vous voulez mon humble avis. Et il ne tarderait pas à s’en rendre compte un peu plus tard dans la soirée, j’en suis sûre !

*

Pendant ce temps, à la prison du village, l’inspecteur Lefrock Sheroumf interrogeait le prisonnier. Sans aucun résultat concluant. L’homme était fou, et il ne voyait aucun moyen de le soigner. Et l’asile était déjà surpeuplé…Watson l’interrogea à son tour.

- Je m’appelle Docky. Et vous ?

- Sepaturo Oke.

Garalagamel, assis en face de lui, avait la main ouverte devant l’homme et Watson était debout sur sa paume à côté de Sheroumf. Watson tenta une approche indirecte comme avec un enfant.

- Voici mon ordinateur. Jouez un peu avec pendant que nous discutons.

L’ordinateur portable dont il était question était un PC de taille normale. Aujourd’hui encore, je me demande bien comment elle faisait pour écrire avec…Sepaturo Oke eut l’air itéressé par l’appareil que Garalagamel tenait dans son autre main. Il commença à jouer, toucher toutes les touches sans bien savoir ce qu’il faisait.

- Alors, pourquoi avez-vous saccagé la statue du Beuhkage ?

-Pour me venger.

- Vous vouliez vous venger de lui ?

- Je sais pas, répondit Sepaturo, complètement lobotomisé par le PC.

- Pourquoi vouliez-vous vous venger ?

- Je sais pas.

- Pourquoi avez-vous fait ça à la statue ?

- Pass’qu’après Noroto, c’est Nabô qui m’a piqué celle que j’aimais.

- Comment s’appelle-t-elle ?

- Sapuramoin Aprélabombachiottes.

- Donc si je résume : vous voulez vous venger du Beuhkage parce qu’il sort avec celle que vous aimez. Vous voyez, vous savez maintenant de qui vous voulez vous venger et pourquoi.

- Ooh, merciii !..., dit-il en s’agenouillant aux pieds de Garalagamel avec un air d’adorateur ; de l’adoration pour Watson.

Ainsi, Sepaturo Oke avait enfin trouvé de qui et pourquoi il voulait se venger. C’était la fin d’une longue quête, d’une longue errance. Grâce à Watson. Mais malheureusement pour elle et son collègue, il était écrit Là-Haut…

Un petit bip émanant de l’ordinateur les fit tous sursauter. Watson demanda à Garalagamel de tourner l’écran vers elle afin de voir de quoi il s’agissait. Hélas, Garalagamel était très maladroit. Jacques vous le dirait lui-même : ce devait être écrit Là-Haut sur les Grands Rouleaux.

- Gare à la gamelle ! hurlèrent de concert les petits inspecteurs bleus.

Garalagamel resserra sa prise autour d’eux, ainsi que le PC (par automatisme) et tomba fort peu dignement. Lefrock Sheroumf et Watson n’avaient rien. En revanche, pour le PC... Même s’il avait l’air de fonctionner encore, il n’était pas intact non plus. Watson descendit de la main de Garalagamel, qui ne s’était pas encore relevé, et regarda pourquoi l’ordinateur avait bipé. Un message s’était affiché à l’écran. Après l’avoir lu, Watson se dit que le Maître des Grands Rouleaux avait un humour vraiment particulier. Voici le message :

Dr WATSON : rapport d’erreur.

        Code erreur : Gare à la gamelle !                         

 

 

Tomber                            Ne pas tomber

 

 

Sepaturo Oke ne finit donc pas dans un asile. Et même si c’était un crime de lèse-beuhkage et que c’était sévèrement réprimandé par la loi du village, Sepaturo Oke ne fut pas envoyé en prison. Mais comme il parlait de se venger du beuhkage et de Noroto, le Maître des Réparations de voitures du village, il fut consigné dans une chambre au-dessus de la prison avec séances obligatoires de psychiatrie. C’étaient des mesures qui ne seraient utilisées que le temps que l’homme oublie ses envies de vengeance. Ce qui arriva enfin le jour où Sapuramoin lui déclara l’aimer et avoir quitté son petit ami le beuhkage. Il serait relaché, se marierait et vivrait heureux avec Sapuramoin Aprélabombachiottes. Mais ceci est une autre histoire, et ça se passera bien après les évènements présents. Sapuramoin quittera son petit ami quand il cèdera son poste à quelqu’un d’autre, je crois. Enfin, une histoire dans ce genre.

Le PC portable connaîtrait également une fin heureuse, après cette histoire, le jour où il rencontrerait Off. Elle l’appellerait son « Chester » , lui sa « Bienvenue », quand elle lui appuierait sur le bouton de démarrage pour lui faire ouvrir les yeux (ou plutôt l’écran). Elle copulerait alors avec lui et donnerait naissance à deux mini-PC portable et ils vivraient alors tous heureux ensemble. Mais cet avenir radieux était encore bien loin pour le PC de Watson…

 

CHAPITRE 3

Gaara au Bois Dormant

 

Gaara était toujours évanoui. Il n’avait jamais dormi. Il profitait donc de la chance qui lui était donnée pour découvrir. Komi désespérait de le réveiller un jour. Elle fit plusieurs tentatives : lui parler longuement, le secouer, le gifler (elle y alla le plus délicatement possible, histoire de ne pas lui faire mal…) ; mais rien ne fonctionna. Et surtout pas lui parler longuement (NB : Komi s’inspire de la TV ; on voit souvent les gens parler à ceux qui sont dans le coma, parce qu’ils pourraient les entendre et là, pouf ! On dit le truc qui faut, et miracle, ils se réveillent ! Question de croyance, nous ne sommes pas là pour discuter de cela. Continuons.), comme elle le constata en voyant les gens autour d’elle s’endormir. Pendant ce temps, Off et Tala profitaient de ce moment de répit : un vrai moment de bonheur.

Gaara ne savait pas ce que c’était que de faire des beaux rêves, et encore moins des cauchemars, mais il ne tarda pas à le savoir… PAUSE EXPLICATIONS pour ceux qui cherchent à savoir le pourquoi du comment. Nous savons très bien que si Gaara est inconscient, son Bijû parvient à prendre le contrôle, et blablabla. Alors pourquoi ce n’est pas le cas ici ? Eh bien, ce jour-là, Tala utilisa son pouvoir divin et Gaara, depuis ce jour, dort autant qu’il veut. Mais à ce moment-là, il ne savait pas encore que ce ne serait pas la première et dernière fois qu’il rêverait. Le pourquoi et le comment du pouvoir de Tala, maintenant ? Pff. Trop long à expliquer. Je vous renvoie pour cela au texte sacré du Talaisme : le Streukhnut.

Gaara se promenait tranquillement dans le désert, son cher et tendre désert qu’il aimait tant. A chaque coin du désert, il trouvait une oasis tout à fait agréable à regarder. De l’eau plus bleue qu’un ciel sans nuages, des palmiers aux grandes feuilles larges bien vertes, des fruits tous plus exotiques les uns que les autres sur les palmiers, un nain de jardin et une boussole à la place du soleil, mais une boussole qui émettait la même lumière, avec la même intensité. Pour expliquer la boussole et le nain de jardin, je vous renvoie, non pas au Streukhnut, mais à un psychologue qualifié dans l’analyse des rêves. Ou prenez un dictionnaire des symboles et ouvrez-le. Et puis vous me direz le résultat. Ou pour ceux qui ont les bons contacts et qui ont le bras long, essayez d’obtenir l’adresse du cabinet du psychologue personnel de Gaara ; vous ne le saviez pas ? Bien sûr qu’il en a un ! Comment ferait-il pour ne pas dormir et ne pas péter une durite, sinon ?

Ce spectacle était si charmant qu’il eut envie de s’allonger à l’ombre d’un palmier, et n’avoir qu’à tendre la main pour goûter l’un des fruits. Et c’est ce qu’il se surprit à faire, sans avoir bien compris comment il avait bougé si vite et s’était allongé sans s’en rendre compte (tout le miracle des rêves : on peut se retrouver à prendre un ascenseur pour aller en Australie…ainsi que je l’ai rêvé moi-même !)

Il était là depuis un certain temps, il était incapable de dire depuis quand, lorsqu’une gigantesque ombre obstrua la boussole qui servait de soleil. Il allait lever la tête lorsqu’une vache violette affolée sortie d’il-ne-savait-où passa devant lui. Celle-ci n’alla pas très loin parce qu’un rayon vert, de lumière l’entoura et la fit s’élever dans les airs. Puis comme dans un film, il y eut un gros plan sur le conducteur du vaisseau spatial (car tout à coup, il lui avait paru évident que c’en était un) et il y vit Off qui riait comme le Diable en personne et s’exclamait :

- Niark-niark, à moi tout le chocolat !

Pouf ! Le décor changea et il se découvrit en plein milieu d’un champ de champignons violets. Au loin, il vit une crinière de cheveux rouges mi-longs. Tala. Elle marcha ; il marcha. Il eut conscience de rêver, comme lorsqu’on ne dort qu’à moitié et se demanda pourquoi diable il faisait ce rêve idiot.

Pouf ! Le décor changea encore. Il se trouvait à nouveau dans le désert. Un homme au teint maladif apparut devant lui, serviette de plage et crème solaire en main. De longs cheveux noirs lui tombaient dans le dos. Il portait un peignoir vert pomme fleuri de coquelicots rouge vif avec sur la poitrine la broderie d’un serpent à sonnettes qui disait dans une bulle de BD : « Ssssalut, beau gossse ! »

- M**** ! (campagne de censure lancée par le gouvernement), s’exclama l’homme. J’ai encore oublié le sake !

L’homme émit un sifflement énervé qui effraya des chameaux qui passaient par là. Ceux-ci s’enfuirent, sous le regard indifférent de l’homme et de Gaara. Soudain, l’homme se tourna vers Gaara :

- Oh le joli serpent…Viens voir papa…

Et Gaara pensa, qu’en effet, il était un serpent. Quand il se réveillerait et se souviendrait des détails de son rêve, il trouverait cette idée complètement idiote, mais en attendant, à ce moment-là il y crut vraiment.et il trouverait idiot de ne pas s’être aperçu plus tôt de l’identité de l’homme qui l’appelait.

- Viens voir tonton Orosssimaru. Allez, petit, petit, petit !

Pouf ! Le décor changea encore, alors qu’Orochimaru se rapprochait dangereusement de lui. Il était encore une fois dans le désert, mais par mesure de prudence, Gaara regarda bien autour de lui, sur le qui-vive. Mais rien. Attends ! Si ! Danger, ou pas ? Une créature faiblarde qui traînait les pieds en marchant. Cette chose avnçait d’un pas lent en marmonnant des paroles incompréhensible, ou plutôt qu’il ne comprit pas tout de suite. Elle avait le corps noir et un duvet important couleur sable blanc sur ce qui devait être sa tête. Peut-être des cheveux blancs, si on pouvait parler de cheveux blancs pour une telle créature. Elle avait des vêtements blancs, rouges et bleus, et tenait à la main un vieux bout de bois de 30cm de long et un vieux livre usé d’un jaune passé.

Elle passa ses mains noires dans ses cheveux en marmonnant :

- Toutou…

- Mmh ? se demanda Gaara.

La créature parut alors seulement le remarquer, et sembla retrouver toute son énergie. Elle se redressa, de sorte que Gaara put voir qu’il y avait une inscription sur le T-shirt de la chose : « 118 ».

- Enfin quelqu’un ! Un vœu, vite un vœu ! Votre vœu le plus cher, quel qu’il soit ! Il sera exaucé aussitôt dit…Pages jaunes à votre…service…mons…ieur.

C’était la fée des Pages Jaunes, Pages Jaunes 118. L’information lui apparut comme si elle avait toujours été présente dans un recoin de son esprit. Il lui devint alors évident qu’il ne devait surtout pas faire de vœu, car sinon il deviendrait la nouvelle fée des Pages Jaunes et deviendrait ainsi Pages Jaunes 118.

Pouf ! Le décor changea. Un désert, encore et toujours, mais comme le premier dans lequel il avait atterri. Enfin le rêve redevenait normal ! Il était allongé à l’ombre d’un palmier (enfin quelque chose d’agréable !), quand Komi, telle un mirage horrible fit une apparition joyeuse. Il n’eut pas le temps de se boucher les oreilles que Komi commença à ouvrir la bouche pour chanter. Le rêve se transformait en cauchemar, à nouveau !

Malgré les craintes de Gaara, il ne se passa rien. Komi faisait de grands gestes en se tenant la gorge comme pour s’étrangler. Gaara, fou de joie, sourit pour la première fois de sa vie. Komi était silencieuse ! Un vrai bonheur ! Il se reposait depuis un certain temps lorsqu’il entendit le bruit d’un moteur. C’était une jeep avec à son bord quatre à six passagers, d’après ce qu’il pouvait en voir. La jeep s’arrêta brusquement, et plusieurs des passagers volèrent littéralement vers l’avant du véhicule.

- Hakkai ! P***** ! s’écrièrent un jeune homme aux longs cheveux rouges-violets et une jeune fille aux cheveux rouges mi-longs.

- Par ta faute, Tala est tombée de mes genoux ! (T.T) enchaîna le jeune homme aux cheveux violets.

- Oui, merci Hakkai, ça m’arrange, même si ce n’est pas très agréable…, dit la jeune fille.

- Oui, merci Hakkai ! dit un garçon. On va pouvoir faire la pause déjeuner !

- Mais au fait, tu peux me dire pourquoi on s’arrête comme ça ? demanda Sanzo.

- Je ne sais pas, en fait, lui répondit l’intéressé. Mais comme on s’était déjà arrêtés pour ramasser ton amie blonde…Off (rajouta Hakkai en voyant le regard menaçant de Sanzo), je me sui sdit qu’on pouvait bien s’arrêter pour celle-là, qui nous faisait de grands signes.

Si seulement ils savaient qu’elle était muette, se dit Gaara. Et Komi qui était encore partie pour faire de grands signes.

- Elle m’a l’air muette, dit Goku. Et c’est qui avec elle ?

- KOOOMIIII ! (ton qui monte dans les aigus), hurla le ramiak quand elle eut fini un instant de baver sur Sanzo.

- Ah, tu la connais, dit Hakkai. Bon, bah on l’emmène, je suppose. Allez, viens ! lança-t-il à Komi.

Elle se mit à parler en silence. Gaara la regarda s’en aller avec les nouveaux-venus sans l’once d’un regret. Tout à coup, il crut entendre Komi, qui avait malheureusement retrouvé l’usage de la parole, lancer un retentissant : « Tayô ! ». Et Goku, à côté de Gaara, cria : « Sus aux boules ! ». Gaara ne sut jamais d’où il venait, mais il s’en désintéressa et revint à l’ombre du palmier.

- …dans la gueule un seau d’eau, disait Tala.

- T’as complètement perdu la boule ! s’exclamait Komi.

Et Komi et le garçon reprenaient de concert :

- Tayô ! Sus aux boules !

L’écho de leur voix se répercuta dans sa tête. Gaara fut tout à coup sorti de sa somnolence à l’ombre d’un palmier par un raz-de-marée qui l’engloutit. Il pesta contre la Terre entière qui le réveillait d’un si bon sommeil. Il regarda autour de lui. Il était de retour à la taverne. Il regarda le seau vide que tenait encore Tala.

- Pourquoi t’as fait ça ?

- Elle me tapait sur le système avec ses méthodes pour te réveiller.

- Fait chier ! fit Gaara.

Il marmonna encore d’autres choses incompréhensibles. Tout cela fit sourire Tala, tellement ça ne correspondait pas au personnage. Maintenant qu’il avait découvert les rêves et que son Bijû n’avait pas pris le pas sur lui, grâce à Tala, rappelons-le, il décida de retourner dans son cher Village Caché Derrière le Grain de Sable. Il quitta joyeusement la petite troupe dès le lendemain.

Et pendant ce temps, le ramiak profitait bien du sake…

 

CHAPITRE 4

Mais où est la beuh ?

 

Le trio quitta la Taverne du Coin le soir même, sans Gaara, qui était parti tôt le matin. Komi avait reçut dans la matinée un mot de l’inspecteur Sheroumf qui lui demandait de venir au plus vite à la prison du village pour une affaire urgente, disait-il sans donner d’explications. Ce devait être le contact qui informerait Komi de sa mission. Tala avait dans la poche le bout de papier qui lui assurait une centaine de fûts de vodka pour bons et loyaux services rendus au beuhkage. Off voulait accompagner à son rendez-vous sa commis, qui était aussi depuis peu une commis des divinités. En revanche, Tala, n’ayant pas fumé depuis un petit bout de temps, partirait à la recherche de quelque chose à se mettre, non pas sous, mais dans, la feuille.

Si le village s’appelait le Village de la Beuh Pas Fumée, c’était qu’il devait y avoir tout un stock dudit produit quelque part… Tala pressa la pas, sans rompre toutefois sa philosophie du « trop courir peut tuer mais fumer est bon à la santé ». Son flair ne pouvait la tromper, il y avait de la beuh dans cette direction ! En fait, on ne pouvait pas vraiment parler d’odorat, de flair en ce qui la concernait, car détecter les endroits où il y avait de la beuh ou en déterminer la qualité tenait plus du sixième sens, d’un de ses nombreux pouvoirs divins, ou peut-être d’un don. Difficile à dire. Pas besoin de fumer le joint pour jauger la marchandise ; très utile pour les talaistes, et surtout pour Max, son partenaire de débauche.

Tala prit la direction de l’est du village, laissant la beuh la guider vers de futurs moments de joie. Tout son être frétillait déjà d’impatience. Elle  était heureuse de cette quête, mais se promit d’exiger de sa commis qu’elle payât son loyer au Manoir de la Débauche, et en nature. Non, Tala et Komi n’étaient pas de ce côté-là de la force, et si ça avait été le cas, Komi serait déjà depuis longtemps morte tuée par la jalousie de Sephiroth. Non, Komi devait payer son loyer en beuh, et pas autrement. Il lui fallait encore réfléchir au type d eloyer qu’elle demanderait à son ramiak, et surtout comment elle allait la faire participer aux frais d’électricités, car les ordinateurs ne fonctionnaient pas tout seul ! Max en serait exempt, puisqu’il était son associé. Quel petit chanceux !

Elle marchait déjà depuis trop longtemps, lui sembla-t-il tant elle était impatiente, quand un homme à l’allure étrange s’approcha d’elle. Il avait un bandana coloré de plusieurs tons de verts, pour se fondre dans la masse, qui lui tombait sur les yeux, des petits yeux noirs et froids. Une écharpe de la même couleur lui couvrait la bouche. Quant à ses vêtements kakis, ils couvraient un corps mince, minceur qui le faisait paraître encore plus grand. Tala l’ignora et continua son chemin, trop attirée par la forte odeur de beuh. Comme je l’ai dit précédemment, odeur est un terme un peu vague pour qualifier le don de Tala, ou la chose dont elle est capable.

L’homme lui barra la route de son corps ; même si c’était plutôt difficile étant donné sa minceur, mais il y parvint tout de même. Don ? Pouvoir ? Non : simple talent d’emmerdeur, si vous me permettez l’impolitesse du mot.

- Salut copine. Tu voudrais pas me vendre une clope ? demanda-t-il en faisant sonner des pièces dans sa poche comme pour dire « T’as vu, je suis plein aux as ?! ».

- Non, j’en ai pu.

Pieux mensonge que Tala, en déesse miséricordieuse, se pardonna très volontiers car Tala est magnanime. Pieux mensonge encouragé par les façons  trop louches de ce type, trop au goût de Tala en tous cas. C’était le seul moyen de se débarrasser de lui au plus vite pour reprendre sa quête la où elle s’était arrêtée sans pour autant utiliser la violence. Car Tala, en déesse miséricordieuse voulut donner sa chance à ce type ; elle aurait pu être plus directe et lui mettre un coup de poing s’il avait trop insisté.

Elle fit une tentative pour le contourner, mais il suivit son mouvement, de telle sorte qu’il se retrouvait encore en travers de son chemin. Ses yeux noirs avaient encore refroidi de plusieurs degrés si c’était possible et avaient viré au noir abyssal.

- T’aurais pas du feu ?

- Nan, mais tu peux faire tourner un bout de bois entre tes mains sur un tas de feuilles séchées, ça marche pas mal, à ce qu’il paraît.

Le type n’eut pas l’air satisfait de sa réponse. Quoi ? Il n’était pas encore content, alors que Tala –bon, d’accord, Tala ne lui prêtait pas son briquet—était assez gentille pour prendre le temps de lui expliquer comment faire même sans briquet ? Elle fit de nouveau une tentative de fuite, mais l’homme continua son manège et lui barra le chemin.

- Je m’appelle Charlie…

- Rien à fou*** !

- On m’appelle Lionel, le Lanceur de Couteau, alors tu as raison de me craindre, étrangère.

- Et toi, mortel, tu as tort de ne pas craindre Tala de la Sanglante, son glorieux et divin nom, et son immense et divin pouvoir.

- Nihein ? Taladelaquoi ?

Il avait perdu un peu de sa superbe, sous le coup de la surprise. Il avait l’habitude qu’on lui cède ce qu’il voulait, ou qu’on détale sur son chemin. Mais c’était mal connaître Tala que de croire qu’elle ferait l’un ou l’autre. Il en eut donc pour son grade.

- Tala de la Sanglante, répéta-t-elle lentement comme si elle avait affaire à plus demeuré qu’un demeuré. Déesse de la Débauche et de la Perversité.

La perplexité s’afficha sur le visage de Charlie. Tala profitait de ce qu’il était perdu dans ses pensées pour filer en douce et reprendre ses recherches de divins plaisirs, quand l’homme sembla lire dans ses pensées et s’interposa encore une fois entre elle et sa divine beuh.

- Tu veux de la beuh, hein ?

- Nan, je préfère la Vache Qui Rit, répondit Tala, ressortant ainsi une des répliques de son humoriste préféré.

Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant les similarités entre le sketch de cet humoriste et la situation présente.

- J’en ai dans la poche, si tu veux, poursuivit-il, sans doute encouragé par le sourire de Tala, qu’il avait mal interprété.

- Quoi ? De la Vache Qui Rit ? demanda Tala, complètement perdue.

Et Tala qui pensait que dans ce trou paumé on ne mangeait pas de ça et qu’on ne connaissait pas, elle fut déçue ; elle avait crue pouvoir se débarrasser de lui.

- Pas une vache, de la beuh, lui répondit-il.

Ah, autant pour elle ; ils ne connaissaient pas ça ici. Tala tiqua au mot « beuh », bien involontairement intéressée, même si le vendeur n’était pas du genre recommandable. Et là, vous vous dites : « Non, Tala, refuse, ne tombe pas dans le panneau comme les autres, résiste ! » ; mais c’est peine perdue, car malgré son divin pouvoir, vos encouragements présents ne peuvent pas l’atteindre dans le passé, à moins que vous n’ayez ce pouvoir… Mais je m’égare. Trop absorbée par l’odeur de beuh qui l’appelait, elle n’avait pas fait attention à celle que l’homme avait dans ses poches. Elle reporta toute son attention sur lui, et finit par afficher un air dégoûté. De dégoût pour ce que son don/flair/pouvoir/instinct venait de lui révéler.

- J’en veux pas de ta beuh.

- Quoi ?! Mais…

- Attends, depuis tout à l’heure, ‘y a une odeur de beuh qui vient m’asticoter, et toi, tu veux me refourguer ta beuh de mauvaise qualité qui pue la mort ?!

- Prépare-toi à mourir, fillette ! On ne refuse pas à Charlie sa précieuse beuh, ajouta-t-il en reculant de plusieurs mètres et en sortant des couteaux de chasseur comme si c’étaient des kunai.

En réponse, Tala sortit son katana long de 1,90m pour croiser le fer ; ou plutôt pour s’en servir comme bouclier, car il était clair que Charlie avait l’intention le lancer ses couteaux. D’ailleurs, ne s’était-il pas vanté de s’appeler « lanceur de couteaux » ? Il lança le premier couteau ; mais Tala se tenait prête. A toutes les éventualités. Sauf à celle-ci… Elle était tellement prête à parer l’attaque qu’elle n’envisagea pas le cas de figure qui se présenta à elle. Prise au dépourvu, elle regarda le couteau de Charlie qui était passé à cinq mètres et était maintenant planté dans un arbre loin à sa gauche. Charlie profita de ce moment d’inattention pour en lancer un deuxième qui passa à cinq mètres du visage divin de la jeune fille, à droite, cette fois.

- Oh put***  de couteaux !

Tala ne put s’empêcher de rire, ce qui acheva d’énerver Charlie, qui se dépêcha de lancer un troisième couteau qui passa bien au-dessus de sa tête, cette fois. Tala rengaina son katana, désormais devenu inutile.

- Oh m**** ! Pourquoi ça marche pas ?! fit Charlie.

Peut-être parce que ton bandana te cache la vue, pensa Tala. Parce que tu ne sers à rien et que tu ne sais pas te servir de tes couteaux. T’as oublié d’appuyer sur bouton-pression qui commande la lancer de couteau, pensa-t-elle encore en apercevant dans le cou de l’homme une pustule rouge. Tala rit à en avoir mal aux côtes face à un tel incapable.

- Tu ferais mieux de me craindre, moi, Charlie, dit « Lionel le Lanceur de Couteau ».Argh ! On ne refuse pas impunément la beuh de Charlie, sa précieuse b…

Quelque chose agita les buissons et interrompit Charlie.

-…présssieuze ?... présssieuze ?...

Une tête avec seulement deux cheveux dessus (qui se battaient en duel) surgit hors du buisson. Le propriétaire de cette tête sortit totalement du buisson. C’était une petite créature grise, voire même verdâtre, pas plus haute qu’un mètre, et qui était vêtue d’une pièce de tissu informe et déchirée par endroits. Elle avait des yeux plus gros que ceux d’un humain, et très ronds.

- … présssieuze ? Grôssbeuh a-t-il bien entendu ? La présssieuze beuh ?

- Tu veux de la beuh, hein ?! lui demanda Charlie qui venait de se remettre de la surprise que venait de lui causer l’apparition.

Décidément, ce trou perdu ne manquait pas de clients. C’était bien pour ses affaires, se dit Charlie. Et dire qu’il était atterri là par hasard alors qu’il s’était perdu quelque part près de Vertu City, à la recherche d’une université où il pourrait faire son trafic.

- Oh oui, Grôssbeuh veut la précieuse !...

- Attends je vais t’en donner…

La petite créature se prépara un joint avec une telle dextérité, d’une main si experte, que Tala revint sur son jugement à propos de cette chose. Elle éprouva pour cette ch…créature un respect nouveau, qui s’agrandit après ce qui allait suivre. Grôssbeuh tira une, puis deux bouffées de son joint avant de le jeter à terre avec violence. La créature avait semblait-il les mêmes exigences que Tala en matière de qualité. Tala s’était trouvé un partenaire de débauche des plus singuliers !

- Pouah ! Ça, c’est…pas de la beuh présssieuze ! Traître…il veut tuer Grôssbeuh…Non, le maître ne tuerait pas Grôssbeuh, le maître est gentil, le maître donne la présssieuze  à Grôssbeuh. Tais-toi, idiot ! Ce traître n’a pas la précieuse. Il veut nous tuer. Il veut la beuh pour lui tout seul. Il faut avertir le maître, l’autre maître, le vrai maître qui a la vraie précieuse. Oui…sss’est vrai, il faut dire…au maître, Grôssbeuh doit dire…MAÎTRE ! MAÎTRE, PAR ICI ! NOUS SOMMES LA !

Grôssbeuh, qui avait crié après un aussi long monologue à voix basse, fit sursauter Charlie et Tala.

- MAÎTRE NABÔ, PAR ICI ! cria-t-il encore.

Deux hommes répondirent à son appel. L’un n’était autre que Nabô Ducric, le Plus Grand des Pas Très Grands Beuhkage. Il arrivait à peine à la ceinture de Tala. Elle comprit alors pourquoi il avait été surnommé Plus Grand des Pas Très Grands. Ou encore pourquoi il s’appelait Nabô. Car pour elle, il devait bien y avoir un rapport entre le nom et la taille de la personne. Il avait des cheveux blonds mi-longs  noués par un lacet de cuir, et son bras droit était entièrement en métal, de l’épaule jusqu’au bout des doigts. L’autre homme était beaucoup plus grand, et même plus grand que Charlie, et était entièrement constitué de boîtes de conserve vides «Géant Vert » qui avaient encore pour la plupart leur étiquette. Il s’appelait Konserv Ducric. Il avait de longs cheveux relevés sur le sommet de son crâne (ou plutôt sur le sommet de la boîte de conserve qui lui tenait lieu de tête, une boîte de conserve pour 8 personnes, indiquaient l’étiquette collée à l’arrière, en dessous de sa queue de cheval).

Les deux hommes, Nabô et Konserv, étaient les célèbres frères Ducric, ceux_là même qui avaient tenté la résurrection de leur mère. Suite à un fâcheux incident, l’un y avait laissé un corps et l’autre un bras ; et Nabô avait cessé de grandir. L’âme de son frère ayant besoin d’un corps, Nabô avait fait la collecte de boîtes de conserve dans leur vilage, le Village Caché du Géant Vert. Ainsi naquit l’idée de collecte de bouchons plastique pour les personnes handicapées dans les villages environnants, le tri sélectif partout dans le monde et le recyclage. Et pour une fois, La Sanglante n’y était pour rien.

Nabô demanda à sa créature :

- Pourquoi as-tu été aussi long à trouver la beuh ?

Puis il ajouta en voyant le joint au sol :

- Ah je vois, tu as essayé de sa beuh ? Et ne cherches pas à me mentir. Je ne suis pas aveugle. Bon, je vais quand même te donner ta dose de précieuse, ça t’évitera d’aller ailleurs en chercher. Et après tout, tu nous as quand même aidé.

- … présssieuze ?

- Oui, tiens.

Grôssbeuh prit son dû et s’enfuit sans demander son reste. A la place du beuhkage, Tala n’aurait pas récompensé la créature ; elle n’aurait pas encouragé la traîtrise et l’insubordination dans ses troupes. Mais mieux valait ne pas contredire un Maître de la Beuh.

- On va enfin récupérer notre beuh, frérot, dit Konserv.

- Mmh, oui.

- Tu es bien pensif. Un problème ?

- C’est louche, cette histoire.

- Comment cela ?

- Grôssbeuh aurait été heureux de fumer toute la beuh que lui aurait refourgué ce type, c’est le même que celle qu’on lui donne en temps normal puisque c’est celle qu’il nous a volé. Or, regarde, le joint est à peine entamé. Pourquoi ? Ce n’est pas normal.

- Bah, si, intervint Tala. C’est de la merde sa beuh, elle a une sale odeur.

- Une sale odeur ? Expliquez-vous.

- Il n’y a pas d’explications à donner, c’est de la merde.

Tala fut convaincante, peut-être grâce à un divin pouvoir quelconque, allez savoir ! Mais peu importe, le plus important, c’est qu’ils le crurent sans avoir besoin d’explications. Nabô se tourna vers Charlie.

- Qu’avez-vous fait à la beuh ?

- Rien.

- Je ne vous crois pas ! Où l’avez-vous mise ?

- Dans sa poche, répondit Tala en voyant que Charlie refusait de coopérer. Je l’ai vu la remettre dans sa poche de pantalon, après qu’il en ait donné à la bestiole.

Charlie, sentant que son heure avait sonné, sortit la beuh pêle-mêle avec…

- C’est quoi ce truc-là ? Ca, de la beuh ?

- Un de mes sachets-crème a dû se percer.

- Berk ! s’exclamèrent Tala et le frères Ducric.

- Du gâchis ! s’exclama Nabô. Tu vas payer ! ajouta-t-il en joignant les deux mains.

Un flot de boîtes de conserve apparut et le métal qui les composait fondit pour s’assembler et donner forme à une cage qui vint entourer Charlie de toutes parts. Nabô dit ensuite :

- Emmenons-le à Sheroumf. Vous venez…euh… ?

- Tala.

Pleine de bonté, dans sa grande mansuétude, Tala leur épargna l’annonce de son nom complet et de la longue liste de ses titres honorifiques. Gloire à Tala, Amen.

- Oui. Tala. Vous venez avec nous. Nous saurons vous récompenser pour votre aide ; avec ce que bon vous semblera.

Tala ne voyait pas très bien en quoi elle les avait aidés, mais bon ! autant ne pas contredire le Maître de la Beuh s’il pensait avoir une dette envers elle. Ca pourrait toujours lui faire un peu de beuh en plus…Qui sait ? Peut-être se montrerait aussi généreux que le tenancier, si ce n’est un peu plus puisque c’était le chef du village, si elle en croyait sa ressemblance avec la statue du beuhkage du village, alignée à côté de celles des autres beuhkage.

En attendant, son flair/sixième sens/don/pouvoir/instinct lui soufflait que de la beuh encore meilleure que celle des deux frères l’attendait à un ou deux kilomètres. Un joint était allumé, dans cette direction. Et là, il s’agissait vraiment d’odeur ! On ne pouvait tromper une fumeuse convaincue !

- Excusez-moi, je reviens tout de suite. C’est urgent. Vous n’avez qu’à m’attendre ici.

Et sous leurs yeux ébahis, Tala s’enfuit presque en courant, presque, rompant ainsi avec son adage du « Trop courir… ». A un kilomètre et demi de là, la beuh promise l’attendait. Un jeune homme aux longs cheveux rouges-violets fumait un joint, assis sur un tronc d’arbre mort au milieu d’une clairière.

- Gojyo ! s’exclama-t-elle. Je suis contente de te voir.

- Tala ! T’en veux ? lui demanda-t-il avec un sourire coquin.

- Avec plaisir !

Et ils se retrouvèrent à fumer leurs joints tous les deux. Ils perdirent vite le compte. Tous deux passèrent trois heures à s’occuper comme des grands, de ces activités recommandées par le Talaisme mais pas faites pour les âmes innocentes…Quelque part au village, un homme occupé à étudier le comportement des femmes à la piscine municipale, dans les vestiaires des femmes, regretterait d’avoir manqué ces trois heures en public dans la longue vie de Tala ; la déesse avait près de 2000 ans, alors quand il m’arrive de la qualifier de « jeune » déesse…A quel âge une divinité est-elle considérée comme adulte ? Ou vieille ? Non, moi non plus je ne sais pas. Mais une chose est sûre, c’est que Tala a l’apparence d’une jeune mortelle.

L’homme en question qui s’était donné pour mission d’étudier de très près le gent féminine avait une tenue de ninja composée de vêtements vert kaki et bleu foncé qui jurait affreusement avec ses cheveux oranges en broussaille, ainsi qu’avec le reste de son corps, qui était tout aussi orange. Et bien évidemment, il portait le bandeau traditionnel du village ; le Village de la Beuh Pas Fumée avait pour symbole n rond barré dans lequel était représenté un joint allumé. Enfin on devinait, par rapport au nom du village, qu’il devait s’agir d’un joint même si ça pouvait aussi bien ressembler à une cigarette.

L’homme avait un jour eu une couleur de peau plutôt claire, avant qu’elle ne commence à virer à l’orange vif. Mais Koraya, c’était le nom de l’homme dont je vous parle depuis un moment, était très gourmand et ne mangeait que des petits poissons oranges en forme de bâtonnets. Alors forcément, comme les flamands roses qui doivent leur couleur à ce qu’ils mangent, Koraya était donc orange, et pervers. Mais ça je doute que ce soit dû aux poissons. Certes, je vous l’accorde, certains ne se transforment pas en ramen chaque fois qu’ils vont à leur restau préféré à Konoha…

Pendant que Koraya manquait ce qui aurait pu être le meilleur moment de toute sa petite vie de pervers et que Gojyo et Tala vaquaient à leurs occupations, les frères Ducric attendaient Tala ; eh oui les braves petits avaient bien l’intention de remercier Tala comme il se devait pour avoir participé à l’arrestation de Charlie même si, et nous le savons très bien, elle n’avait rien fait du tout. Ils en étaient donc là à se demander si son envie pressante la retiendrait encore longtemps.

- Ah, enfin ! s’exclama la beuhkage en voyant débarquer Tala, suivie de près par Gojyo. Qui est-ce demanda-t-il en l’apercevant.

- Gojyo, répondit la jeune déesse. Bon, on y va ? J’ai des amies à la prison.

- Vous voulez qu’on leur accorde la grâce de la beuh ? Enfin, je veux dire qu’on les libère ?

- Pas la peine, elles ont juste rendez-vous avec l’inspecteur Sheroumf.

- L’inspecteur Sheroumf ? Notre route est la même. Avez-vous réfléchi à votre récompense ? Que désirez-vous ?

- De la beuh.

- Ah ? Très bien, pas de roblème. Un quart de notre production annuelle, ça vous va ?

- Et comment ! Mais ça représente beaucoup… ?

- Sans aucun doute. Nous vivons exclusivement du commerce de beuh, pour vous donner une idée.

- Wouah ! Pas possible !

- J’aimerais en avoir aussi, intervint Charlie.

- Non !

Trois cris avaient retenti en même temps. Pour eux, il y avait assez de gaspillage. Et on ne confiait pas la beuh à un criminel. Charlie se tassa à nouveau dans son coin. Après que le beuhkage ait mis sur papier les accords passé avec Tala, ils se mirent tous en route vers la prison du village.

 

CHAPITRE 5

La menace Yokai

 

Ignorantes de la malheureuse rencontre que Tala ferait dans sa quête de beuh, Komi et le Ramiak son chef, accompagnées d’Esprit, se dirigeaient vers le point de rendez-vous. Ils ne pouvaient se douter que Tala trouverait le moyen de se réapprovisionner ou qu’elle croiserait la route d’un de ses divins concubins.

Non, nos deux irréductibles talaistes n’étaient pas dotées du pouvoir divin qui était propre à La Sanglante et qui aurait pu leur faire deviner la suite des évènements. En ce moment même, elles étaient occupées à se rejeter mutuellement la faute de s’être égarées. Après être repassées à trois reprises devant la Taverne du Coin, elles finirent par trouver le chemin qui menait, non pas à Rome, mais à la prison. Quand elles y arrivèrent, elles furent stupéfaites. Le bâtiment était un petit baraquement typique des westerns, et qui ne collait pas du tout avec le reste du village où les bâtiments et maisons étaient plutôt au goût du jour.

Devant la prison les attendait Bôcu.

- Bonjour, je me présente, je m’appelle Bôcu. Je suis le policier qu’on a dépêché pour vous servir de guide. Mais apparemment, vous avez su retrouver votre chemin.

- Oui, et sûrement pas grâce à vous. On a eu le temps de se perdre au moins cinq fois ! Je vais me plaindre au responsable.

C’était Off qui venait de râler. La fin d’après-midi était proche, elle était épuisée et en manque d’informatique, alors forcément, ça ne la rendait pas patiente et de très bonne humeur. L’informatique était, avec le chocolat, sa seule nourriture. Et là elle n’avait aucun des deux sur elle. Lasse de s’énerver après Komi qui les avait si bien perdues (car c’était bel et bien sa faute si elles s’étaient perdues, le Ramiak furieux avait décidé de s’en prendre  au malheureux policier. A la Taverne du Coin, en dehors d’Esprit, aucune des filles n’avait prêté attention au policier, c’est pourquoi Komi se chargea des présentations. Off lui lança un regard noir : elle venait de lui ôter des pattes la souris avec laquelle elle s’amusait comme un vrai chat, et aussi le moyen de se calmer les nerfs.

Bôcu les accompagna à l’intérieur, avec un regard sceptique posé sur Esprit.

- Euh… les animaux ne sont pas autorisés à…

- Il nous accompagne.

Le ton de Komi était sans appel. Le policier eut la mauvaise idée d’insister.

- Mais c’est interdit. Le règlement ne tolère pas d’exception…

Esprit grogna un peu et Komi répliqua :

- Et le règlement tolère qu’on enfreigne les ordres ? On vous avait dit de nous servir de guide, non ? En plus, on nous a demandé ici pour une mission, or ce chien est mon associé au même titre que mon amie ici présente d’ailleurs.

Off se retint de rire. Elle redevenait un chat et le policier une souris :

- Vous n’avez donc pas à formuler d’exigences.

Les deux filles lui passèrent devant, suivies de près par Esprit qui lui montra les crocs et grogna encore légèrement. Le malheureux se prit à espérer que l’énorme loup ne pût pas comprendre ce qui se disait. Puis, il se traita d’idiot pour avoir songé rien qu’un instant à cette hypothèse farfelue. Ce n’était qu’un sale cabot, après tout. Esprit grogna plus fort cette fois, et Bôcu s’éloigna de lui, en parfait pétochard qu’il était.

Off était en manque d’informatique, comme je vous l’ai déjà dit. Si un message divin (il ne venait pas de Tala, hein ?!) n’était pas apparu sur l’écran d’ordinateur de Watson, si Garalagamel n’avait pas été aussi maladroit, s’il n’était pas tombé avec le PC, si le PC ne s’était pas fracassé par terre, alors et seulement alors l’amour qui naîtrait plus tard entre Off et le futur Chester aurait pu s’épanouir à cet instant. En d’autres circonstances. S’il n’y avait pas eu autant de « si ».

Le futur Chester était posé sur le petit bureau qui faisait face aux cellules de la prison. Off le vit tout de suite. S’il n’était pas arrivé autant de mésaventures au pauvre PC, la copulation aurait pu avoir lieu. Mais malheureusement pour eux, la copulation que tenta Off ne dura guère plus d’une minute. Le PC portable n’était pas réceptif.

Off finit par se désintéresser du PC, mais sa faim d’informatique n’était pas pour autant satisfaite. Elle se fit même encore plus violente. Off chercha du regard s’il n’y avait pas un autre ordinateur, mais sa déception fut grande. Elle se concentra sur la conversation.

- …un homme a été retrouvé dans une ruelle du village. Ce n’est que la troisième victime. Dans les villages voisins, on a dénombré jusqu’à vingt victimes dans chacun. Mais vous devez trouver le coupable très rapidement, Melle Komi. Watson, vous sortirez les dossiers concernant ces meurtres.

- Inutile, le coupa Komi. Je crois savoir qui a fait ça.

- Déjà ? s’étonna Sheroumf.

Il exprimait l’étonnement de chacun.

- C’est impossible, nous avons passé des nuits blanches à essayer de trouver le moindre indice.

- Laissez-moi deviner : des marques rondes sur le corps, les yeux révulsés, les organes internes en charpie en dehors du corps. Et quand on cherche parmi les restes, on ne trouve pas le cœur. Et par-dessus le marché, du sang partout. Ah, et j’allais oublier : les empreintes d’un animal quelconque sur quelques mètres aux environs du corps.

- Comment savez-vous… ?

- Une race de Yokai à part qui cause de sérieux dégâts sur son passage.

Elle leur fit un petit cours d’histoire…

*

Un jour, un scientifique osa ce qu’aucun de sa profession n’avait jamais osé imaginer : créer l’être suprême. C’était un acte risqué laissé aux dieux. Lais il tenta l’expérience. Il captura un Yokai et fit ses expériences. Il échoua. Ensuite, il associa les gênes de plusieurs Yokai de types différents. Des êtres difforment naquirent, vécurent quelques heures, puis moururent. Il continua ses tentatives, et passa toute sa vie dans sa quête de l’Être Suprême. Plus il avançait dans ses recherches, plus il associait de gênes de Yokai très différents les uns des autres, et plus ses créations gagnaient en cruauté.

Le jour où ses recherches devaient aboutir arriva enfin. Jusque ce jour-là, il s’était contenté d’associer des gênes de Yokai pour sa première création, et à partir des gênes de sa première expérience ratée, avait créé la deuxième créature en associant aux gênes de la premières des gênes d’un autre Yokai. Et ainsi de suite, prenant les gênes d’une de ses créations et y ajoutant d’autres gênes.

Ses recherches trouvèrent leur conclusion lorsqu’il décida d’y ajouter des gènes humains. Il introduisit un ovule humain fécondé avec la semence de sa dernière créature Yokai, qu’il avait été obligé de tuer à cause de sa trop grande violence, dans l’utérus d’une humaine stérile qui avait accepté d’être porteuse de cet enfant né de la génétique, sans savoir quelles en étaient les origines. Le scientifique avait profité du fort désir de la femme de porter un jour un enfant. Lorsque la créature hybride naquit, elle avait une apparence humaine, et à cause de cela, l’homme fut convaincu d’avoir échoué une fois de plus. La femme mourut en donnant naissance à l’enfant, que le scientifique décida d’élever ; c’était une petite fille. Conséquence de son ascendance, à trois ans, elle ne mangeait plus que de la viande rouge. Deux mois plus tard, elle ne mangeait que de la viande crue. Deux mois encore plus tard, elle montra une force prodigieuse.

Le scientifique, qui avait voulu étudier sa fille avant de retenter une autre de ses expériences, ne le regretta pas. La fillette commença à apprendre très vite des tas d’informations. L’excitation du scientifique retomba cependant très vite quand il se rendit compte de la malice retorse de sa création. A cela, s’ajoutait le fait qu’elle devait tuer des animaux pour se nourrir. Elle finit par en tuer des plus en plus gros, dont elle ne prélevait que les organes internes, avec cependant une nette préférence pour le cœur.

La créature eut une fulgurante poussée de croissance à quatre ans ; elle avait l’apparence d’une jeune fille de dix-huit ans. D’une grande beauté. Le père ne put résister à sa créature. Elle sécréta une substance qui mit son créateur dans un état de transe et en profita pour copuler avec lui.

Quelques mois passèrent au cours desquels l’homme ne se souvint de rien et poursuivit son étude de la créature qui, constata-t-il, prenait de plus en plus de forme Yokai. La première mue avait eu lieu deux semaines après cette copulation oubliée. Une créature plutôt petite, grise, avec des tentacules de pieuvre. La créature se tenait debout sur deux jambes épaisses et grises. Elle avait une lointaine ressemblance avec un humain, avec des traits seulement plus…bestiaux, monstrueux. Le corps de la créature, au cours de ces quelques mois, avait grossi, et pas seulement au niveau du ventre, comme chez les humaines, ce qui avait provoqué plusieurs mues.

Le scientifique ne comprit ce qui se passait que lorsque la créature décida de se servir de lui. Elle lui expliqua le fonctionnement du dard qui s’était développé sur son bas ventre pendant ces quelques mois. L’homme servit de nourriture à la progéniture issue de sa propre semence, celle qui avait fécondé sa créature quelques mois plus tôt, lorsque vint le jour de l’éclosion. La créature avait permis à ses petits de se développer, encore dans leurs œufs, dans son propre corps. Quand le moment de l’éclosion fut proche, elle les pondit dans le corps de son propre géniteur et géniteur de ses petits à l’aide de son dard. Et ce juste après lui avoir dit à quoi servait cet organe. Son créateur mourut d’une mort lente et douloureuse, très douloureuse, car ceux qui étaient ses enfants et petits-enfants à la fois se nourrirent gloutonnement de ses organes internes.

La mère laissa les petits livrés à eux-mêmes après la ponte. Ils seraient bien capables de se nourrir d’elle lorsqu’il ne resterait que la peau et la graisse sur les os de son « père ».

L’instinct les poussa en effet à attaquer tout ce qui passait à portée de tentacules. Comme un village entier…

*

Komi de la Parlante était une conteuse plutôt…disons, soucieuse des détails. Elle passa près de trois quarts d’heure à raconter l’histoire dans les moindres détails, y compris les plus sinistres. Bien heureusement, l’histoire a été tronquée, ici. Mais nos protagonistes ne bénéficièrent pas de cette chance. Off, qui l’avait déjà entendue à maints reprises, avait tenté au cours du temps écoulé de copuler avec le Pc portable de Watson, en vain. Elle avait eu beau lui caresser langoureusement les touches du clavier et le bouton de démarrage, rien n’y avait fait, la copulation n’avait pas eu lieu. Elle s’était donc improvisée docteur pour ordinateurs cassés et avait commencé à le démembrer quand Komi de la Parlante la si bien nommée acheva son histoire.

Un ronflement sonore se fit entendre : Garalagamel dormait debout. Ce qui malheureusement voulait dire…

- Gare à la gamelle ! hurlèrent Watson et Sheroumf.

L’homme en robe de sorcier se réveilla en sursaut et eut juste le temps de se préparer à la chute, autrement dit de protéger Sheroumf et Watson des éventuels bobos. Off, toujours à son travail chirurgical informatique ne fit pas attention au gros « boum ». Les quelques prisonniers enfermés derrière les barreaux ne cachèrent pas leur fou rire komi et Esprit auraient bien ri, en d’autres circonstances, mais ils étaient trop préoccupés par la mission qu’on leur confiait. Et trop excités à l’idée de bientôt chasser. Ils comprenaient mieux maintenant pourquoi leurs supérieurs avaient voulu les envoyer sur cette affaire.

Garalagamel se releva comme si de rien n’était. Les prisonniers continuèrent de s’amuser encore un peu de la maladresse de l’homme.

- Est-ce que je peux reprendre ? demanda Komi à la ronde.

- Parce que vous n’avez pas fini ?! s’exclama Watson.

- Vous avez raison. Le temps presse, je vais me mettre sur la piste du Yokai. Mais sachez encore une chose : ce type de Yokai…comment dire ? Tous les Yokai issus de la lignée de cet hybride sont potentiellement de futures reines.

- Potentiellement ?

- Ces Yokai deviennent des reines une fois plusieurs facteurs réunis. Lorsque ce sera le cas, attendez-vous à pas mal de ravages.

- Quels facteurs ?

- Des scientifiques de l’Académie creusent encore la question.

L’Académie des Hunters était le lieu où l’on enseignait à de jeunes élus l’art et la manière de mener une bonne Chasse. Les apprentis-Hunters étaient tous accompagnés par leurs familiers. Et même si Komi n’était pas douée pour retrouver son chemin, comme vous avez pu le constater, les Hunters de l’Académie avait remarqué les prédispositions de Hunter que Sandrô Komi avait en elle, et que le chien qui l’accompagnait n’était pas un animal ordinaire, mais un familier.

- Vous voulez dire que vous n’en savez rien ? demanda Watson, choquée.

- Je ne fais que chasser, moi. Bon, j’y vais. Vous me faites perdre mon temps.

Et c’était elle qui disait ça, après avoir passé autant de temps à raconter sa petite histoire… Esprit soupira.

- Tu n’étais pas obligée de t’attarder sur les détails non plus. Bon, allons-y.

Komi jeta un coup d’œil à son chef.

- Elle m’a l’air bien occupée. On sera revenue avant qu’elle n’ait remarqué notre absence. Je laisse Off avec vous, elle va vous réparer votre ordinateur en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, alors ne lui retirez pas son jouet des mains.

- Que…

- C’est un conseil que vous devriez suivre, croyez-moi.

Sur ce, Esprit et Sandrô partirent. Lorsqu’ils furent dehors, Komi grimpa sur le dos du grand loup qui courut dans la direction d’où provenait l’odeur du Yokai. Ils avaient senti l’odeur du Yokai à leur entrée dans le village, mais il n’avait pas jugé utile d’en parler à Sheroumf et Watson. D’ailleurs, il y avait plusieurs Yokai, d’après ce qu’ils avaient pu flairer, mais un seul avait cette odeur si particulière à la race qu’il recherchait, la « race maudite » comme l’appelaient les provinciaux. Cette odeur de pestilence était typique des Ubris, ces êtres nés de la manipulation génétique de l’homme. Komi et Esprit avaient l’Odorat, cette capacité qu’ont tous les Hunters à flairer les Yokai, et plus particulièrement les Ubris. On ne devenait pas Hunter, on l’était depuis la naissance.

Pour les talaistes convaincus, qui ont leur Streukhnut sur le coin de leur table de chevet et qui font leur prière à Tala tous les soirs, vous devez connaître tout particulièrement l’histoire de la Commis Officielle des Divinités, n’est-ce pas ? Bien. Alors si vous cherchez une explication quelconque à cette mystérieuse capacité qu’est l’Odorat, voyez-le comme le résultat du bon vouloir de Tala quand elle a mis les ingrédients pour faire une bonne commis dans la DMCNQ, la Divine Machine à Créer N’importe Quoi. Quant au loup, il n’est pas apparu avec la commis, bien entendu, puisque Tala a juste mis les ingrédients nécessaires à faire une bonne commis. Non, Komi s’était liée plus tard avec l’animal.

Pour ceux qui ne sont pas talaistes, il n’est pas difficile de concevoir, je pense, que Komi ait pu se lier avec un animal quand elle n’était qu’une enfant. Si ?

Pendant leur folle course sur les traces de l’hybride, Komi en profita pour s’armer. Il était préférable de brûler les Ubris. Mais si on n’en avait pas la possibilité, on pouvait aussi les tuer avec une arme blanche. Ca demandait juste un peu plus d’efforts et de prudence car il fallait trancher les tentacules, qui avaient des ventouses infestées de substance paralysante, trancher le dard au bas ventre pour éviter de se retrouver avec des œufs proches de l’éclosion dans le corps. Sans parler de leur queue qui était souvent utilisée pour frapper. Ou les dents aiguisées qui pouvaient déchirer presque n’importe quoi.

Komi et Esprit avaient l’avantage d’être deux, et Esprit avait aussi à son avantage des lames de rasoir en guise de dents, et des griffes en conséquence. En général, Sandrô s’arrangeait pour toujours avoir sur elle de quoi faire un feu de joie, façon de parler.  Mais si ce n’était pas le cas, Komi faisait diversion pendant qu’Esprit attaquait par l’arrière.

Komi sortit de son sac en bandoulière un jerricane d’essence. C’était un sac sans fond qui avait l’avantage de pouvoir contenir n’importe quoi, et de n’importe quelle taille. Et ça pouvait peser n’importe quoi, parce qu’une fois dans le sac sans fond, ça ne pesait plus rien. Un sac magique sans doute, qui lui venait de je-ne-sais-où. Et si vous ne croyez pas à la magie, je ne peux pas vous donner d’autre explication, parce que moi-même je n’en ai pas d’autre.

Ils étaient proches de l’Ubris, maintenant. Quand ils le virent qui était penché au-dessus d’un corps, sans doute en pleine ingestion des organes de sa nouvelle victime, ils ne ralentirent pas leur allure.

- Il est déjà perdu, dit Esprit à travers leur lien psychique pour convaincre Sandrô du bien-fondé de  leur démarche, car cette dernière, malgré l’habitude, ne pouvait se résoudre à tuer un homme innocent.

Komi dut pourtant faire abstraction de tout sentiment de pitié. Esprit avait raison. L’homme avait sans doute déjà signé son arrêt de mort, si l’Ubris avait commencé à dévorer les organes. Et si ce n’était pas encore le cas, mais qu’il avait pondu ses œufs dans le corps de l’homme, alors sa victime serait dévorée par les petits, ce qui revenait donc au même. Un air déterminé apparut sur le visage de Komi. Elle lut dans l’esprit de son compagnon à quatre pattes sa prochaine action : il allait bondir sur la créature, qui était bien trop accaparée par sa victime pour remarquer quoi que ce fût. De cette manière, Komi put facilement vider le contenu du jerricane sur l’hybride. Elle jeta le bidon au loin, tandis qu’esprit continuait sa course.

L’Ubris se releva finalement de sur le corps de sa victime, furieux d’être interrompu, et il fit face à Sandrô et Esprit, prêt à se jeter sur eux. Sandrô eut peur, en voyant la créature foncer à toute allure sur eux. Elle se dépêcha de sortir la boîte d’allumettes qu’elle avait préparée et mise dans sa poche, en prévision de l’instant où il faudrait faire brûler la créature. Elle avait les mains tremblantes, comme d’habitude, face à une telle créature. Elle attendit que la créature fût assez près pour lui envoyer l’allumette enflammée et être ainsi sûre qu’ils n’aient pas raté leur coup.

Heureusement pour eux, ça fonctionna, et l’Ubris s’enflamma tout de suite. Esprit s’éloigna très vite de la créature enflammée, et sa compagne descendit de sur son dos pour se précipiter au côté de l’homme à terre.

- On est arrivés trop tard.

L’homme avait une profonde blessure à l’abdomen. Sandrô prit une profonde inspiration et se résigna à brûler l’homme. Les petits pouvaient sortir d’un instant à l’autre. Ils assistèrent à l’incinération des deux corps jusqu’à la fin, histoire d’être sûrs que le feu ne s’arrête pas pour X ou Y raison. Il était préférable de brûler le corps d’un Ubris, car savait-on jamais, il pouvait y avoir des petits en gestation. Les deux compagnons repartirent vers le village laissant derrière eux deux corps calcinés. Komi regrettait de ne pas avoir trouvé de papier sur le corps de l’homme, car ils ne pourraient pas lui faire de funérailles dignes de ce nom, et il serait mort dans l’anonymat.

Esprit, qui avait le sens de l’orientation, n’eut aucun mal à retrouver le chemin de la prison ; il faut dire aussi que son flair l’y aida beaucoup puisqu’il n’est qu’à suivre à la trace l’odeur qu’Off et Sandrô avaient laissée derrière elle. Et c’était sans compter sa mémoire qui avait mémorisé le chemin ! Ca compensait donc le manque de sens de l’orientation de sa compagne humaine.

*

 

- Inspecteur Sheroumf ! Inspecteur Sheroumf ! s’écria Bôcu en débarquant en trombe dans la prison. Notre Plus Grand des Pas Très Grands ! Il arrive !

Quelques minutes plus tard, en effet, le beuhkage et son frère, suivis de près par Tala et Gojyo entraient. Konserv se chargea de sortir Charlie de sa cage et de le transférer dans une des cellules.

- Qu’est-ce que tu fais mon Ramiak ? s’étonna Tala.

Même la voix de sa déesse ne put sortir l’Animal Divin de sa transe chirurgicale. Off était entourée par des morceaux de PC. En fait, on ne voyait même plus à quoi pouvait ressembler l’objet avant l’ouragan Rouski Ramiak. Tala fut un peu vexée que son Ramiak ne sorte pas de son atelier bricolage pour lui répondre. Elle eut alors une brillante idée qui lui venait tout droit de sa commis qui avait trouvé cette solution pendant les cours à la Fac Trucmuche, quand elle voulait que son chef l’écoute parler sans dormir.

- Hey, le Ramiak, Sanzo est mort !

- Hein ? Qu’est-ce que tu dis ? demanda Off, soudain très inquiète quant à la santé de l’un de ses ramiakal concubins.

Ô miracle ! Elle avait enfin levé les yeux de son activité paranormale (on n’ignore pas sa déesse ainsi, à moins qu’il n’y ait une histoire de copulation dans l’air). Comme quoi les idées bizarres de sa commis avaient du bon. Mais Tala garderait cette constatation pour elle, sans quoi elle verrait aussitôt les gros sabots de sa commis débarquer et Komi lui demanderait une promotion divine. Et comme elle venait de penser à sa commis, et remarquait son absence, elle répondit en partie seulement à la question de son Animal de Elle :

- Je te demandais juste où était ta commis.

Vous avez un petit peu de mal à suivre, je présume : de qui Komi est-elle la commis,  c’est ça ? A la base, elle est commis du Ramiak, mais par extension, elle est devenue celle de La Sanglante. Et elle en est ravie, parce que son deuxième salaire vient compenser largement le premier, qui n’est pas très élevé, et pas très régulier, pour ne pas dire rarement occasionnel...

- Komi ? Euh…

Off regarda partout autour d’elle à la recherche de Komi, comme si Tala pouvait ne pas avoir remarqué sa Commis des Divinités quelque part dans la pièce.

- Bah ? Elle était là, pourtant…

On n’aurait pu croire venait de perdre une pièce de cinq centimes, vu son absence de réaction. Mais il faut ajouter en sa faveur qu’elle était en état sérieux de manque et qu’en plus elle venait d’émerger de sa transe ; un peu comme quelqu’un qui n’aurait pas mangé depuis des jours et des jours et qui n’aurait donc en tête que cette simple idée de manger.

- J’espère qu’elle n’a pas été jusqu’en Inde en pensant trouver l’Australie, quand même.

Tala, elle, était beaucoup plus inquiète, mais juste par habitude. Un jour, Komi avait trouvé le moyen d’aller en Inde en pensant y trouver, à la place, l’Israël. De même, Tala avait l’habitude de se retourner pour voir si Komi la suivait toujours ou si elle errait quelque part on-ne-sait-où.

- Melle Komi est partie en mission. Un Yokai à chasser.

- Quoi ?! Y a une nana qui chasse les Yokai ?!

- Bah oui, Komi.

- Quoi ? Mais tu m’avais jamais dit qu’elle…

- Et pourquoi te l’aurais-je dit ?

Oui, pourquoi ? Tala savait très bien que sa commis ne chassait pas n’importe quels Yokai ; comme Off, elle avait entendu assez de fois l’histoire du scientifique et du méchant Yokai pour savoir au juste que sa commis ne représentait pas un danger pour son divin concubin. De plus, Komi savait très bien qu’elle pouvait tuer tout ce qu’elle voulait tant qu’elle ne touchait pas à ses divins hommes.

- Pourquoi ?! s’exclama Gojyo. Mais parce que…

- Stop ! Pas de dispute, ou c’est la grève.

- La grève ? demanda Sheroumf, Watson et les frères Ducric, en un chœur parfait.

Off continuait de bricoler son futur amour, Chester. Malheureusement pour eux, ce ne serait pas aujourd’hui que le futur Chester comblerait la frustration du Ramiak…

- Non pas la grève, Tala. C’est bon, j’ai compris. Puisque cette…fille est en mission et que ton Ramiak est occupée, que dirais-tu de…s’éclipser toi et moi ?demanda Gojyo avec un sourire coquin.

- Vous partez déjà ? demanda Watson.

- Ta g***** ! Tu vas tout faire foirer !

- Gojyo !

- Ouai, c’est bon. Que veux-tu faire ma chérie ? C’est toi qui décides.

- On emmène le Ramiak. Ils diront à Komi de nous rejoindre.

- Quoi ? Faire ça à …quatre ?!

- Bon sang, c’est pas possible, Gojyo, tu la cherches vraiment la grève, ou quoi ?

- Bah alors, c’est quoi le plan ?

- Vous, le petit truc bleu, vous direz à Komi de nous rejoindre à la Taverne du Coin. Off l’y attendra. Nous, Gojyo on les rejoindra. Ça te va ?

- A merveilles.

Gojyo avait des yeux tout brillants. L’autorité dont avait fait preuve Tala dissuada les autres de contester quoi que ce soit. Gojyo était bien trop heureux pour contester et Off, trop absorbée par son activité ludique. Tala décida de réemployer la komicale méthode :

- Mon Ramiak (aucune réaction), Dhaos (aucune réaction), Deidara (légère cessation d’activité), Shinigami-sama.

Mirâcle ! Tête levée, yeux hagards.

- Hein, quoi ?

- Je disais qu’on devait y aller.

- Mais je ne peux pas…

- Ils veulent installer une nouvelle salle informatique à la Taverne du Coin.

- Quoi ?!! Parce qu’il y en avait déjà une ?

- Ah ? Tu l’avais pas vue ?

- Non. Vite, faut y aller ! Sayonara tout le monde !

Off partit, laissant derrière elle non seulement sa déesse, mais aussi son futur amour, comme un courant d’air, comme une tornade serait partie en laissant derrière elle des choses en mille morceaux, dévastées. Ainsi abandonna-t-elle Chester, qui n’avait pas fait le poids face à la promesse d’une salle remplie d’ordinateurs en état de copuler. Sans compter que, puisqu’elle se trouverait dans une taverne, Off espérait bien pouvoir obtenir du chocolat pour grignoter en même temps qu’elle serait sur le Net, histoire de pouvoir reprendre des forces suite à la dépense d’énergie qu’allait demander de surfer sur la toile.

Gojyo salua tout le monde et sortit. Tala allait faire de même, mais le beuhkage la retint :

- Pour ce qui est de la beuh, on vous l’apportera à domicile, mais à quelle adresse ?

- Ah oui, c’est vrai. Au Manoir de la Débauche, à Vertu City. C’est assez grand, vous trouverez facilement. Ah, et dites à Komi, quand vous la paierez de ne pas réclamer de beuh. Dites-lui de demander ce qu’elle veut, parce qu’elle sera logée gratuitement ce mois-ci.

-… ?

- Elle comprendra. Ce sont des affaires de talaistes.

Et sur cette dernière réplique, elle sortit. Mais avant, elle eut le temps d’entendre Charlie qui lançait :

- Je m’enfuirai d’ici ! Et je vous retrouverai, toi et ta beuh !

Tala rit de bon cœur, et Charlie bouda, vexé.

*

Gojyo et Tala partirent dans leur coin fumer quelques cigarettes et plus si affinités. Une fois de plus, ils croisèrent la route de Koraya qui ne savait pas ce qu’il ratait. Mais comment aurait-il pu se douter que quand Tala et Gojyo parlaient de se fumer une cigarette, cela sous-entendait aussi d’autres activités non-dites ? Il loupa une sacrée mine d’informations utiles pour son livre en cours.

*

Lorsque le Ramiak arriva à la taverne, elle se jeta sur toutes les portes, à la recherche d’une salle informatique. Des arobases à la place des yeux, elle ne remarqua pas un jeune homme et un garçon qu’elle connaissait bien, assis à une table près de laquelle elle passa. Eux non plus ne la remarquèrent pas.  Ils étaient trop absorbés par…

- Bonjour, jeune homme, leur disait une serveuse brune à la mine joviale. Je vous sers quelque chose ?

- Manger !

- C’est pas vrai ! Mais tu n’as que ce mot-là à la bouche, se moqua gentiment Hakkai, Jeep sur son épaule. Je crois qu’il aimerait voir le menu, ajouta-t-il à l’intention de la serveuse.

La serveuse leur sourit et les laissa profiter du spectacle qui allait avoir lieu sur la scène improvisée un peu plus tôt, non loin de leur table. Des affiches aux murs indiquaient qu’aujourd’hui était jour de liesse. Une pièce de théâtre s’était déjà jouée un peu plus tôt. Le titre ne surprit qu’à moitié Hakkai : « Tala, Sauveuse de Beuh ».

- Tiens, Tala est passée par là ! sourit-il.

Goku laissa sa réflexion sur ce qui composerait son futur repas de côté et s’intéressa à ce que Hakkai lui disait.

- Regarde ça, fit Hakkai en montrant l’affiche qui l’avait interpelé. Je me demande ce qu’elle a bien pu faire encore pour se faire bien voir ici aussi !

- Oh, Tala a dû s’amuser un peu avec le kappa pervers pendant qu’on le cherchait. Tu sais bien, il parlait de fumer un pète la dernière fois qu’on l’a u…

Hakkai n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit, coupé dans son élan par la serveuse qui revenait déjà avec le menu.

- Qu’est-ce que c’est de cette histoire de Tala et de pervers ? Vous avez vu Tala avec un pervers ?!

- Oui un grand méchant pervers, ricana Goku.

- Mais l’heure est grave, il faut l’aider ! Mon dieu, la Sauveuse de Beuh, finir entre les mains d’un pervers !

Goku ne put s’empêcher de rire aux larmes. La serveuse sortit de ses gonds :

- Qu’est-ce qui vous amuse, jeune homme ? Tala Notre Sauveuse est en danger –nouvelle crise de fou rire de Goku—et vous restez là à…à…

- Ne vous inquiétez pas, la rassura Hakkai. Goku tentait de faire de l’humour. Tala est parfaitement capable de se débrouiller. Et aussi pervers que soit Gojyo, Tala saura bien le calmer s’il va plus loin qu’elle ne le souhaite.

- Mais…

- Je connais Tala, et croyez-moi, il n’y pas de quoi s’inquiéter.

La serveuse ouvrit puis ferma la bouche comme un poisson dans l’eau. Elle avait envie de protester. Soudain, elle refit le coup du poisson et réagit :

- Vous connaissez Tala ?

- Oui, bien sûr, c’est une amie.

- Vous êtes des amis de la Sauveuse de Beuh ?

- Eh bien, oui…

- IGOOORR !cria-t-elle. VIENS VITE !

Le tavernier, qui s’activait au comptoir, laissa tout en plan pour accourir à leur table.

- Que se passe-t-il ?

- Manger ! s’impatienta Goku.

- Des clients récalcitrants ?

- Des amis de Tala !

- des a-mis…d-de…Tala ?

Et le nom de la jeune déesse sembla se répercuter dans toute la pièce. Le nom de Tala était sur toutes les lèvres. Hakkai souriait, un peu gêné par la gloire universelle de Tala.

- Manger ! bougonna Goku.

- o-oui, bien sûr Messieurs, dit respectueusement Igorr. D’ailleurs, puisque vous êtes des invités de marque, je vais offrir à nos prestigieux invités tout ce qu’ils voudront commander…

- TOUT le repas ?! s’exclama Goku.

- Oui, jeune Monsieur, cela comprend tout le repas.

- Youpiii ! Alors je prendrai de tout !

- Hein ? Pardon, je veux dire comment ?

- Je prendrai tout ce que vous avez !

- Mais…

- Vous n’allez tout de même pas décevoir les amis de Tala ?

- N-non, bien sûr que non. On vous apporte cela tout de suite.

Et c’est ainsi que les plats qu’avaient commandés Goku arrivèrent les uns à la suite des autres portés par de jeunes commis de cuisine qui trottinaient pour ne pas faire attendre des clients aussi prestigieux. Les plats arrivaient aussi vite que la vaisselle sale s’amoncelait entre Goku et Hakkai ; ce dernier ne voyait plus son compagnon à cause des piles d’assiettes et de plats sales. Il fut bientôt obligé de reculer sa chaise. Hakkai consulta le menu, à son tour. Et il remarqua que Tala n’avait pas inspiré que pour les pièces de théâtre. Elle avait aussi inspiré en matière de gastronomie ; il n’y avait pas un seul plat, une seule boisson, un seul dessert qui ne portât son nom, le terme « sauveuse » ou encore le mot « beuh ». Ainsi, Hakkai ne commanda pas un simple bol de ramen, mais, attention, un « bol de ramen façon Sauveuse de Beuh ». Il lut « sake pur talaiste » sur le menu, quand il voulut choisir une boisson. Ne me demandez pas où était le rapport avec ce qui était servi, parce que ni Hakkai, ni ceux qui commandèrent des plats dans cette taverne, et qui n’étaient pas di village, ne virent un rapport même infime entre la beuh, Tala et les plats qui étaient commandés.

Hakkai fut forcé de tenir son bol de ramen, parce que la table était encombrée. La conversation avec Goku étant devenue impossible pour les trois raisons suivantes : l’amoncellement de vaisselle qui les séparait, la bouche sans doute pleine de nourriture de son compagnon, et le fait qu’il soit sans doute bien trop absorbé par son repas ; Hakkai se tourna donc vers la scène, son bol de ramen entre les mains, pour suivre le spectacle qui allait suivre.

 

CHAPITRE 6

Le nouveau Beuhkage

 

Hakkai avait orienté sa chaise vers la gauche, où se trouvait la scène sur laquelle un présentateur improvisé faisait  l’annonce du prochain spectacle. Un spectacle de magie. Il se cala confortablement sur sa chaise et regarda une bohémienne aux longs cheveux noirs qui lui cascadaient jusqu’au creux de ses reins faire son numéro de cartes. Grâce à son décolleté en « V » qui dévoilait sa poitrine généreuse, elle distrayait le public captivé par ses tours de passe-passe.

Le ramiak était toujours en quête de ce qui pourrait combler sa dépendance, mais hélas, même en parcourant toute la salle de fond en comble, elle n’avait rien trouvé. Elle avait des arobases encore plus gros à la place des yeux.

- Maintenant, un tour de magie plus grand encore, annonça la bohémienne d’un ton mystérieux. Je vais faire appel à des forces supérieures pour lire l’avenir…Toi, tu vas perdre ce fer à cheval que tu as autour du cou. Toi, tu vas…tu vas perdre ton argent. Toi, tu vas mourir de honte. Toi, tu vas être malade, annonça-t-elle en pointant le doigt en direction de la table de Goku et Hakkai.

Hakkai sourit à demi. C’était mal connaitre Goku que de croire qu’il serait malade à force de trop manger. En dehors de la prédiction faite à Goku, toutes les autres prédictions portaient sur de l’argent ou sur des menus objets que les gens avaient sur eux. Quelque chose chiffonnait Hakkai, dans tout ça, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

- Et moi, et moi ? hurla Off. Quel est mon avenir ? Est-ce que je vais trouver un ordinateur ici ? Où est-ce qu’ils sont ?

- Je ne sais pas ! Lâchez-loi !

Off s’était agrippée à ses vêtements et ne cessait de la questionner sur son avenir.

- Je ne sais pas ! finit par avouer la bohémienne. Je ne lis pas l’avenir !

- Mon fer à cheval ! Il a disparu !

- Mon argent !

- Ma bourse !

- Au voleur ! Au voleur !

- Sorcière ! Où est ma bourse ?

- Perverse ! Où est mon caleçon ? dit un garçon en entrant dans la salle comme un diable qui jaillirait de sa boite, sauf que lui était seulement vêtu d’une branche très feuillue devant son bas-ventre pour cacher son anatomie.

Tout le monde tourna la tête vers lui, et il y eut en effet quelqu’un de mort de honte. Pour quelqu’un qui ne lisait pas l’avenir, les prédictions de la bohémienne s’étaient toute réalisées.

- Bah, quoi ?! s’exclama le garçon ne voyant qu’il était encore le centre de toute l’attention. J’étais en galante compagnie quand j’ai vu quelqu’un s’enfuir en courant avec mes fringues.

- C’était un caleçon en or !

Il y eut une vague de mécontentement général. Comment ? On avait osé voler le caleçon en or d’un riche jeune homme, d’un gentleman, alors qu’il était le plus vulnérable vêtu dans son plus simple appareil ?! C’était honteux ! La bohémienne devait affronter un public en colère. Le garçon avait oublié de préciser que ce qui était en or, c’était le coup sur lequel il était…

La foule avait réussi à bloquer la bohémienne contre un mur au fond de la salle. De ses poches débordaient les menus objets volés.

- Vous n’êtes même pas magicienne ! Rendez-nous nos affaires.

- Oh, que si que j’en suis une ! Mais je ne lis pas dans l’avenir.

- Ah oui ? Prouvez-nous ! ricana quelqu’un.

Igoor, le tavernier, se démarque de la foule. Il était armé d’un fusil.

- Ça suffit ! Elle ne va rien prouver du tout. Je ne veux pas de grabuges dans mon établissement ! Que quelqu’un aille chercher l’inspecteur Sheroumf.

On lui obéit. Il faut dire que son fusil était un argument de poids. Hakkai le sentait mal, le sourire suffisant de la bohémienne ne lui disait rien qui vaille.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

- Mmh. Enfin quelqu’un qui fait preuve d’intelligence ! Je suis la sorcière Carabosse, ajouta-t-elle en se transformant.

Elle avait maintenant l’apparence d’une vieille femme au visage boutonneux, aux gros yeux globuleux, toute ridée et avec un gros nez qui lui mangeait la moitié du visage. Elle était énorme et rentrait avec difficulté dans une vieille robe distendue et toute usée. Elle sortit une baguette magique d’une poche cachée de sa robe, et la leva, prête à réciter une formule magique. Hakkai, qui la voyait déjà la pointer vers le tenancier s’interposa entre eux et mobilisa son Ki pour former un bouclier. Ils furent interrompus par le garçon seulement vêtu de sa branche feuillue.

- Où est mon caleçon, vieille chouette ?

- Insolent ! Tu seras le premier !

Elle pointa la baguette dans sa direction.  D’un coup, la salle était vide en dehors de Hakkai, du jeune homme, d’Igorr, de Goku assis derrière sa vaisselle sale et du Ramiak, à la recherche d’un peu d’informatique en ce bas-monde de sauvages et d’ignorants.

- Haute secousse, petite pousse, agitez-vous tous.

Hakkai s’interposa sans réfléchir entre le jeune homme nu et la sorcière. Cependant il avait de bons réflexes, il tenta donc de mobiliser son Ki. Mais la sorcière avait prévu d’associer à son mauvais sort une paralysie des pouvoirs. Il tenta de former une barrière, mais son Ki était désordonné, agité. Il ne put donc arrêter le sort. Pendant que Hakkai se voyait rétrécir…rétrécir…rétrécir…le tenancier avançait d’un pas et criait :

- Ça suffit ! Baissez doucement votre baguette et posez-là à terre.

Le tenancier se sentait superpuissant, armé d’une aussi grosse arme à feu et face à une petite bonne femme si vieille armée d’un simple petit bout de bois. Ce fut ce qui causa sa perte. Hakkai et Igorr disparurent dans deux nuages de fumées et deux « pouf ! » retentirent. A la place d’Igorr, il y avait. ; un bonhomme de neige, et à la place de Hakkai…une jarre avec une fleur plantée dedans. Quant à vous dire l’espèce de la fleur, j’en serais bien incapable, pour la seule et bonne raison qu’aucun des protagonistes présents sur les lieux de ce crime abominable à l'encontre de Hakkai, n’a été capable de me dire à quoi ressemblait Hakkai une fois transformé.

- D’autres volontaires ? (ricanements) Mais oui ! La fille aux ordinateurs et…

- Ordinateurs ? Vous avez dit « ordinateurs » ? demanda Off en s’avançant vers elle, des arobases à la place des yeux.

La sorcière ne tarda pas à lui jeter un sort.

- Couic ! fut le seul son qu’on entendit.

- Hein ? C’est pas ce que je lui ai lancé !

Le pouvoir de la sorcière Carabosse n’avait pas résisté, face au divin pouvoir de Tala… Car le Rouski Ramiak était un animal divin à forme humaine, forme que la grande Tala de la Sanglante lui avait donné grâce à ses divins pouvoirs. Peut-être Tala avait-elle été prise de pitié en voyant ce gentil petit animal se frotter à sa divine cheville en faisant « couic-couic ». D’ailleurs, encore aujourd’hui, même sous sa forme humaine, quand elle recevait une divine caresse sur le sommet de la tête, elle se mettait à couiquer de bonheur. Donc le Ramiak s’était donc vu retransformée parce que le « sort » que Tala avait mis sur elle avait grillé.

Le jeune homme profita du moment de surprise de la sorcière pour s’emparer d’une poivrière sur une table proche et la lança vers la sorcière qui ricana en voyant ce qu’on lui lançait. Il cria :

- Atchou, go ! Attaque allergie, maintenant !

La sorcière rit beaucoup plus jaune quand un nuage noir s’éleva de la clairière et fonça sur elle en criant :

- Aaat-chouuu… !

La sorcière laissa tomber sa baguette et fut prise d’une crise d’éternuements. Puis elle perdit connaissance.

- C’est bien Atchou. Reviens, maintenant.

Le nuage noir rentra dans la poivrière et redevint inanimé. Le jeune homme, toujours à tenir d’une main une branche devant son sexe, se servit de l’autre pour ramasser la poivrière. Il la reposa sur la table. A ce moment-là, tous les clients sortirent de sous les tables et hurlèrent de joie. Les hourras fusèrent. Le jeune homme fut porté en triomphe, et malheureusement, il perdit son branchage dans la bousculade. Les personnes qui le portaient ne remarquèrent pas, mais que le jeune homme s’évertuait temps à cacher n’échappa aux autres : il était pourvu d’un micro-pénis. Le jeune homme était rouge de honte. Il crut que les éclats de rire allaient fuser dans toute la salle, mais il se trompait. Comme il avait sauvé tout le village (un peu excessif quand même ; mais bon, ils sont toujours dans l’excès là-bas), la mode fut lancée. Comment ? Je n’en sais rien. Mais ils ont trouvé le système. Un vieux parchemin ou grimoire sans doute.

Alors que toute la taverne était en liesse, pendant que le Ramiak poussait de grands couics et que le bonhomme de neige en plastique et que la jarre avec sa fleur agonisaient de solitude, Sheroumf, Watson, Garalagamel, Tala et Gojyo firent leur entrée. Ils s’étaient croisés devant la taverne.

- Où est cette voleuse ? demanda Sheroumf, du haut de la main de la Garalagamel.

Tous les doigts pointèrent dans la direction d’un pot de fleur, d’un bonhomme de neige en plastique et d’une vieille. Tala soupçonna sa commis et son Ramiak d’avoir trop picolé (rien que quelques lichettes, mais trop pour deux si gentils Ramiak et commis) et d’avoir foutu un bazar monstre.

- C’est pas vrai, commença à ricaner Gojyo. Le ouistiti s’est endormi dans son assiette ! Ah, je vais me faire un plaisir de te le réveiller, moi !

- Gojyo, tu pourrais pas le laisser roupiller juste le temps que je trouve ma Komi et mon Ramiak ?

- Allez, admets que tu trouves que c’est une bonne idée…

- Oui, allons-y ! Je vais chercher de l’eau froide et un seau.

Personne ne fit attention à eux, tant l’humeur générale était à la picole. D’ailleurs, une fois que Tala aurait retrouvé ses deux amies, elle étancherait sa soif de vodka. Elle avisa un seau avec des glaçons fondus et une bouteille de champagne dedans. Un diner en amoureux, à en juger par les chandelles posées sur la table. Gojyo prit, ou plutôt tenta de prendre,  le seau des mains de Tala, mais elle ne se laissa pas faire car elle aussi voulait s’amuser et que le plus amusant était justement de balancer l’eau sur quelqu’un soi-même. Gojyo lui fit le coup des yeux de kappa pervers battu et privé de sexe. Tala resta inflexible. Gojyo tenta de l’amadouer.

- Je t’achèterai un beau string léopard qui…

- QUOI ?! s’exclama hargneusement Tala, prête à bondir sur lui. Nan mais, tu me vois porter ça ?!

- Tu préfères un string en peau de serpent… ?

- Essaie de m’acheter un string comme ça et tu vas voir où je vais te le mettre, moi !

Gojyo profita alors du moment d’inattention de  Tala pour lui arracher le seau des mains et en lancer le contenu à la figure de Goku, qui se réveilla en sursaut, faisant tomber l’assiette vide dans laquelle il dormait un instant plus tôt. Alors qu’il jetait des coups d’œil autour de lui, Goku perçut le ricanement de Gojyo. Et bien que Tala ne cachât pas son amusement, ce fut Gojyo qui écopa.

- Sala kappa pervers !

-La f**** ouistiti enragé.

- STOP ! les arrêta Tala, en pressentant que le ton allait vite monter. Je crois que je me sens dégoûtée du sexe et que j’en ai marre de faire la cuisine, d’un coup…

Gojyo et Goku furent tout de suite aux petits soins pour Tala.

- Tu as besoin de quelque chose ?

- Tu te sens mal ?

- T’as pas entendu Tala, tout à l’heure, ouistiti ?!

- Grr…kappa…pervers…

Mise à part la chamaillerie de Goku et Gojyo, on n’entendait plus aucun bruit. Tala constata alors que tout le monde les regardait.

- C’est Tala ! hurla quelqu’un.

Et aussitôt ils se prosternèrent tous, leurs visages baisant allègrement le sol.

- Dis donc ! T’as al cote, ma belle ! s’exclama Gojyo, admiratif.

- Nous sommes drôlement contents que vous alliez bien, Tala-Sauveuse-de-Beuh.

- Bien sûr que je vais bien. Pourquoi ça n’irait pas ?

- Bah…l’autre avait donc raison ?

- Hein ?

-  Un de vos amis avec des lunettes et une bestiole…

- Euh…il parle de Hakkai, je crois…, dit Goku d’un ton hésitant. Tiens, d’ailleurs, il est où ?

- Euh…, fit le villageois qui s’était adressé à Tala. Un autre villageois, celui qui était nu, prit la relève.

- Bonjour, Sauveuse de Beuh. Je m’appelle Atcha.

Tala haussa un sourcil. Bien évidemment, Tala ne pouvait se douter qu’il n’était plus complexé parce qu’il était adulé et respecté.

- Abrège !

- Votre ami a été transformé en pot de fleurs en même temps que le tenancier et une blonde.

- Une blonde ? Avec des lunettes ?

- Oui. Elle n’arrêtait pas de causer, alors…paf ! Elle s’est fait transformer.

- Qui ? Qui a osé ?! s’écria Tala, furieuse.

Les villageois, prit par le démon de la peur qui venait de hurler « bouh ! » dans leur dos, car c’était presque ça, montrèrent come un seul homme la sorcière encore inconsciente et firent une sorte de haie d’honneur jusqu’à la coupable. Enfin disons qu’ils libérèrent vite, très vite, le passage car Tala était bien plus effrayante en colère que la sorcière Carabosse. Quand elle fut à sa hauteur, Tala la ramassa par le col et la frappa à grands renforts de gifles pour la réveiller. Quand ce fut fait, elle l’interrogea sans ménagement.

- Comment t’as transformé mes amis ?

- Avec la baguette ! répondit quelqu’un.

Le paysan typique, chapeau de paille sur la tête, brin d’herbe coincé entre les dents, cheveux noirs qui dépassaient du chapeau. Ses vêtements étaient usés, déchirés en plusieurs endroits. Il allait pieds nus. Le paysan s’appelait Jeannot Luffy. Il arborait fièrement un T-shirt jaune et vert où étaient écrits les mots suivants : « One Piece seeker ». Ne parlant pas tellement anglais dans ce village, personne n’y fit attention.

Tala ne se tourna même pas vers le paysan.

- A moins que quelqu’un ne veuille passer à l’interrogatoire à sa place pour répondre à mes questions, je vous conseille de la fermer.

Tala était très énervée.

Il y eut un grand silence, seulement coupé par un couiquement aigu.

- Ah, mon Rouski !

Le sourire de Tala face à cette miraculeuse apparition disparut quand elle se reporta à nouveau son attention vers la sorcière.

- Bon, tu vas me retransformer les deux autres. Et illico-presto.

- Hum…

- Tout de suite, j’ai dit ! fit Tala de sa voix la plus grave.

La sorcière fit de gros yeux globuleux et mourut. Tala, sous le coup de la surprise, la laissa tomber comme un vieux tas de chiffons. Elle comprit mieux la cause de cette mort subite en observant son visage. Elle avait une expression terrifiée.

- Anh Maman, regarde elle a fait pipi dans sa robe, dit un garçon en tirant sur les vêtements de sa mère pour attirer son attention. C’est pas bien, dit-il d’un ton vertueux, qu’on sentait bien être celui sans doute de sa mère quand lui-même faisait dans son pantalon. Pourquoi elle, elle a le droit, on la dispute pas ?

Tala sourit à cette remarque enfantine, et renchérit, presque à l’intention du cadavre :

- P’tite nature, va !

Elle se tourna vers Hakkai et Igorr, ne sachant quand exactement ils allaient retrouver leurs apparences humaines. ; mais c’était ce qui allait se passer, ça se passait toujours ainsi à la télé. On zigouillait le méchant et le gentil ressuscitait, ô miracle ! Hélas, ça ne semblait pas se passer ainsi dans la vraie vie… P***** de télé à la c** ! Tala décida d’utiliser les grands moyens pour aller plus vite, puisque la méthode douce faisait crever la vieille. Elle leva les mains, doigts écartés, et des éclairs en sortirent. L’électrochoc divin ranima la sorcière, qui regarda partout autour d’elle.

- Les flammes ? Où sont les flammes ?

- T’inquiète, tu vas bientôt y retourner, la menaça Tala. Mais pas sans avoir connu la Divine Torture talaiste, si tu ne me dis pas comment inverser le sort.

Toutes les personnes présentes se cachèrent sous les tables ou derrière le comptoir. Ça avait un petit air de déjà vu pour eux…Off émit un petit couic, Gojyo ricana et Goku arrosait Hakkai, car la terre de la jarre était très sèche.

- Crois-moi, l’enfer ce sera le paradis pour toi à côté de ce que je te réserve…

- La baguette !

- Quelle formule ?

- Y en a pas. La baguette, il faut briser la baguette.

- Bien, bien.

- Ne me tuez pas ! Pitié !

- Je t’ai juste empruntée aux Enfers. Je ne peux pas te ramener à la vie.

- Mais…vous avez dit…

- Je n’ai rien dit. Tu as mal interprété. ‘Fallait te contenter de mouiller ta culotte.

- Sale…

- Garde ta salive. Bon, maintenant…

Tala se désintéressa d’elle, car elle repartirait d’ici quelques secondes. Elle ramassa la baguette et allait la briser quand elle entendit un mouvement derrière elle. elle se retourna à demi. La sorcière la pointait du doigt et commençait à prononcer une incantation :

- Abra-ca-da…

- Passe le bonjour à Bébel !

- Nihein ?

Et ce fut son dernier mot prononcé dans le monde des vivants. Rien de très glorieux. Mais de toute manière, les villageois ne retiendraient pas son nom, pour la postérité. On se souviendrait seulement de la grande victoire de Tala de la Sanglante sur plusieurs ennemis du village.

Le corps de la sorcière tomba comme une chiffe molle pendant que son âme était attirée vers le monde de flammes qu’elle venait de quitter un peu plus tôt. Le petit Bébel, heureux du coucou passé par Tala, allégea un peu la peine de la sorcière. Mais juste un peu. Après tout, c’était l’Enfer. Où irions-nous s’il n’y avait plus de punition pour les vilains grands méchants ? Et il n’y aurait plus de fin heureuse si les grands méchants n’avaient plus leur punition en fin d’histoire.

Lorsque la baguette fut brisée, Hakkai et Igorr retrouvèrent leur forme originelle. Hakkai fut juste un peu mouillé sur la chemise et le pantalon, car au moment même où la baguette était brisée, Goku l’arrosait encore une seconde fois. La scène amusa beaucoup Tala et Gojyo alors que Goku était un peu honteux. Off fini par reprendre forme humaine (Tala se contenta de claquer des doigts en se roulant une cigarette).

Les exploits de Tala estompèrent un peu ceux d’Atcha. Elle y gagna, en plus de a notoriété, une quantité non négligeable de beuh en récompense. Sans parler de la vodka et du sake. Elle allait devoir appeler Max afin qu’il prévoit de la place pour ranger le contenu du convoi qui allait partir au Manoir de la Débauche. Une fois sa clope roulée ! Quelques minutes plus tard, elle était devant la cabine téléphonique de la taverne, à fumer sa cigarette, verre de vodka pas très loin (Off gardait un œil dessus…).

- Max ?

- Mouais ?

- On a des réserves de beuh et de sake en grandes quantité qui vont arriver. Ne vous jetez pas tous dessus. Attendez mon retour s’il vous plaît, on se fera ça ensemble. ! Tu pourrais m’aménager un coin où mettre tout ça ? Vous n’avez peut-être encore pas eu le temps de visiter…

- Oh si, Clément a déjà fait le tour du proprio…il a pris des mesures, du sol au plafond.

- Ah bon ?

- Un plan très détaillé. Tu peux même voir où est rangé le rouleau de PQ.

- Comment que ça se fait, donc ?

- La voisine a perdu le haut de son bikini dans la piscine quand Clément a été au pain.

Tala sourit. Ce devait être un 95 D au goût de Clément. Et tout ça en allant au pain ! Les 95 D faisait toujours défaillir Clément, et à son réveil, déçu d’avoir raté ça, il prenait des mesures de tout ce qu’il pouvait, en bon géomètre qu’il était. Lecteurs, pour de plus amples détails sur la légende de Clément le Géomètre, je vous renvoie volontiers à un petit livre sacro-saint que les talaistes qui se cachent parmi vous auront sur leur table de chevet en guise de lecture du soir.

Comment se procurer le Streukhnut ? Il suffit d’en demander un exemplaire à Tala de la Sanglante, déesse de débauche et d’irréductibles débauchés sur www.bloodytala.skyblog.com, car Tala est parmi nous, pauvres mortels.

Mais revenons amis Lecteurs à notre histoire.

Tala était rassurée, au moins il y aurait de la place pour toutes les bouteilles de sake.

- Tu vas rentrer bientôt ?

Max, comme tout talaiste, s’ennuyait loin de sa déesse et associée.

- Le temps qu’on retrouve Komi et on rentre.

- Quoi ?! Encore perdue ?! Qu’est-ce qu’elle a encore foutu ?

- Sais pas.

Après quelques minutes encore de conversation, ils se saluèrent et raccrochèrent.

*

Max, à la boutique, retourna à son joint. Il ne tarda pas à délirer après plusieurs joints. Les clients, comme à leur habitude quand il n’y avait personne de « apte » à leur vendre ce qu’ils étaient venus chercher, déposaient la monnaie sur le comptoir après avoir passé le lecteur code-barres sur l’article. Ils s’arrangeaient pour faire l’appoint ou laissaient le trop-plein d’argent en guise de pourboire. C’était d’ailleurs ce qui faisait la richesse de nos deux associés. Ils ne pouvaient pas ouvrir la caisse car il n’y avait jamais la clé qui était laissée dessus.

Ce jour-là, un des clients, pas un habitué, essaya de voler un manga et des goodies. Max était trop occupé à caresser l’ordinateur sur le comptoir en disant : « Gentil ramiak… » et riant de ses bêtises. Le client allait passer la porte quand les codes-barres firent sonner les détecteurs de vol. Au son du bip, le client se tourna vers Max au moment où celui-ci entrait dans son gros trip du jour. Max courut vers le client et le détecteur en criant :

- DÂÂÂÂÂÂÂÂHH !

Le client, craignant pour sa vie, lâcha tout et s’enfuit sans réclamer son reste. Max ramassa un des articles et passa devant le détecteur. L’objet bippa ; Max cria :

- DÂÂÂÂÂÂÂÂHH !

Et de recommencer le même jeu jusqu’à la fermeture de la boutique. En fait, les élèves qui quittèrent les cours à 19-20h apprécièrent de voir que c’était toujours ouvert, même après les heures officielles de fermeture. Il n’eut plus aucune tentative de vol ce jour-là et ceux qui suivirent. Et ce « client » ne revint plus jamais. Le coup du lapin crétin défoncé lui avait suffi ; il préférait encore aller voler des trucs au TATI du coin.

*

Loin de là, Tala était occupée à chercher Komi partout dans le village. Sheroumf lui avait appris que Komi et son clebs étaient bien passés à la prison. Et comme récompense, Komi n’avait rien trouvé de mieux à faire que de réclamer du comté en guise de récompense pour son dur travail de labeur. Elle sourit en songeant à sa déception : ce n’était pas un village où on faisait du fromage. En revanche, c’était le paradis de la beuh et d e l’alcool : on trouvait des commerçants spécialisés à tous coins de rue. Après deux heures de recherches infructueuses, Tala rentra à la Taverne du Coin. Alors qu’elle passait à l’intersection de la rue principale du village et d’une rue plus petite, la jeune déesse (vieille de plus de 2 000 ans) entendit une voix qu’elle connaissait bien s’écrier :

- Quoi ? Comment ça, vous n’en avez plus ? je ne partirai pas d’avoir eu mon comté !

- Komi !

La jeune Komi Officielle des Divinités fit un bon de trois mètres.

- T’aurais pu me prévenir ! lui reprocha Tala.

- Il veut pas me donner de comté, se lamenta Komi.

- J’ai les moyens de te nourrir, Komi. Et il est où ton toutou, hein ?

- Je sais pas.

Tala leva les yeux au ciel.

- C’est bien ma veine.

Komi et Tala retrouvèrent l’intéressé à un stand de charcuterie. Il était occupé à faire le beau pour gagner sa croûte. La même panse, ces deux-là, songea Tala.

Durant ces deux heures perdues, il s’en était passé des choses. Aussi les nouveaux arrivants furent-ils surpris quand ils ouvrirent la porte de la Taverne du Coin. Quelqu’un annonça la nouvelle à Tala : un conseil avait eu lieu et à la suite duquel il avait été décidé que Tala serait le nouveau Beuhkage du Village de la Beuh Pas Fumée. C’était leur moyen de faire des élections ; le Conseil de la Beuh se roulait un joint et ses membres se le faisaient tourner. Là-dessus, ils se faisaient des petits mélanges d’alcool. L’un d’entre eux ne prenait rien, ne fumait rien et énonçait une liste d’éventuels beuhkage. Tala allait refuser le poste, quand quelqu’un fit miroiter la beuh du village dont elle aurait le droit de décider quant à l’usage à en faire : la commercialiser ou ce qu’elle voudra d’autre. En ce qui concernait Tala, il n’y a avait qu’un seul usage possible à toute cette production de beuh : la consommer, bien sûr. Tala accepta donc ses nouvelles fonctions à la seule condition de pouvoir faire quelques petits changements au sein du village et de ne pas être obligée d’y rester, d’autres occupations divines exigeant sa présence ailleurs. Il en fut décidé ainsi.

Tala commença par réformer les échanges commerciaux du Village de la Beuh Pas Fumée. Il fut décidé que seule une infime partie de la production annuelle de beuh serait vendue, à prix exorbitants. Le village aurait pu courir à sa ruine si sa beuh n’avait pas été d’aussi bonne qualité.. et le fait d’en vendre si peu en faisait un produit rare que tous les riches s’arrachaient. C’était devenu la nouvelle tendance. Le reste de la production de beuh allait directement dans les pètes de la déesse. Aucun villageois ne protesta car les riches étaient prêts à payer très, très, très cher et cet argent allait dans leurs poches. A Tala la beuh, et à eux l’argent.

Tala décida ensuite de changer le nom du village, qui devint le Village de la Beuh Fumée.

Tala changea aussi certaines modes, surtout le jour où elle croisa le chemin d’un HSP (Homme Socialement Prestigieux) qui lui donna envie d’augmenter son prestige social. C’était un homme aux yeux noirs en amandes, aux cheveux noirs très courts (ce qui lui changeait de Sephiroth…) et fort bien fait de sa personne (il avait notamment un beau petit derrière comme Tala les aimait…). Elle eut envie de lui, mais au moment fatidique, elle se rendit compte de son erreur : fort bien fait de sa personne sauf… Il en fut ainsi du deuxième, du troisième, et du quatrième homme qu’elle eut envie d’ajouter à la longue liste de concubins constituant son harem. Le quatrième homme, devant sa mine dépitée, lui expliqua que c’était la mode, et même un critère de beauté depuis qu’Atcha, le Dresseur du village, avait révélé sa nudité en même temps qu’il avait sauvé le village des agissements de la sorcière.

Les hommes du village avaient trouvé dans un vieux grimoire le « micro-pénis no jutsu ». En entendant cela, Tala brûla complètement le grimoire, sous les yeux horrifiés de sa commis qui ne supportait pas qu’un ouvrage fût détruit, et interdit cette technique. Pour compenser, elle inventa la technique secrète du sexy-pénis no jutsu. Tous les hommes complexés, ou attirés par Tala, ou encore ceux qui voulaient obtenir un poste bien placé au Ministère de la Beuh sous la « présidence » de Tala, adoptèrent cette technique. Mais ils ignoraient que Tala mélangeait très peu les affaires avec le privé. Tala n’eut aucun besoin de répandre cette technique au sein de son harem, bien évidemment. Gojyo vit d’un mauvais œil tous ces changements dus à cette technique surtout lorsque Tala reprit sa relation avec son HSP là où elle en était restée. La barre de prestige social de Tala augmenta considérablement.

Après avoir effectués ces changements majeurs, Tala se rendit compte que le bandeau du village ne collait plus avec son nouveau nom. Elle changea donc le symbole du village. Le nouveau reprenait le joint allumé, mais sans l’interdiction ; à cela venait s’ajouter une bouteille presque vide, à côté du joint.

Lorsqu’elle put à nouveau se reposer devant un petit verre de sake et fumer une bonne clope, Tala songea qu’il manquait quelqu’un à la bande : Sanzo. Le Rouski était trop accaparée par sa quête d’ordinateur qui soit en état de copuler pour remarquer son absence. D’ailleurs, ça devenait trop grave, son Animal Divin allait dépérir de frustration, si ça continuait comme ça. Il y avait quelque chose qui n’allait pas avec son Rouski Ramiak, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Bah ! Ca finirait bien par lui revenir. Mais ils allaient devoir retourner très vite à la civilisation et donc au monde informatique, pour la propre survie de son Ramiak. Quant à Sanzo, si ses trois amis ne s’inquiétaient pas de son absence, c’est qu’il n’y avait pas lieu de s’en faire.

Komi et son chien avaient pu compenser leur manque, contrairement à Off qui tournait en rond à la taverne, car Tala lui avait ordonné d’y rester afin de ne pas avoir à rechercher encore quelqu’un. Tala ouvrait la bouche pour annoncer leur départ prochain, quand Hakkai demanda :

- Où est Sanzo ?

- Sais pas, répondirent Tala, Goku et Gojyo.

- Comment ça, vous ne savez pas ? demanda Tala.

Elle voyait encore le contretemps qui allait la tenir éloignée du Manoir de la Débauche et de son divin mari.

- Euh…

Goku et Gojyo affichaient des airs coupables. L’un avait été absorbé par son repas et l’autre par la beuh, Tala et de potentiels rivaux.

- Vous ne vous souvenez pas de ce qu’il vous a dit quand vous vous êtes séparés ?

- Bah…depuis que j’ai été transformé…, commença Hakkai, certains détails…m’échappent…

- Et vous ?

- Bah…

- J’ai compris, bougez pas !

Tala se dirigea vers la cabine téléphonique accrochée au mur à côté de son portrait (qui venait d’y être rajouté) et composa le numéro de la boutique.

- Max, c’est Tala, salut.

- Mmh…

Tala sentit l’odeur du joint à des kilomètres, enfin façon de parler.

- Rassure-moi, t’as pas consommé toute la beuh du convoi qui est venu m’apporter mon sake ?

Max la rassura tout de suite : il n’en avait pris qu’un peu !

- Tu vas rentrer ?

( Sous-entendu : « T’as trouvé Komi ? Parce que je m’ennuie, tout seul à la boutique »).

- Non, pas encore. J’ai trouvé Komi, mais on a perdu Sanzo. Vous avez trouvé un endroit où stocker la marchandise qu’on a livré ?

- Ouais, tout est dans le coffre-fort géant.

- Un coffre-fort géant ?

- Ouais. Sinon je peux te faxer un plan de Clément.

- Pas la peine, j’attendrai d’être rentrée pour voir ça.

- Nan, je te parlais d’un plan du village où t’es.

- Ah bon ? Il est venu ici ?

- Nan.

- Bah, alors, comment il a fait ?

- Il a mesuré avec un décimètre sur Google Maps et s’est amusé à redessiner les plans en indiquant les échelles réelles, et tout et tout.

- Ça sert à quoi ?

- Je sais pas. Ça t’évitera d’avoir à chercher sur Google, en tous cas, pour avoir un plan pour t’aider à trouver Sanzo.

- Ils doivent bien avoir des cartes de leur village, par ici, j’aurais fini par trouver. Au fait, pourquoi il a pris des mesures cette fois ?

- Le 95 D que lui a montré la livreuse. Je ne sais même plus pourquoi d’ailleurs.

Tala sourit. Au bout de quelques minutes, elle salua et raccrocha, à la plus grande satisfaction de Gojyo qui était jaloux de cette mystérieuse personne que Tala contactait. Il avait cette réaction depuis que Tala avait entamé sa relation avec cet Humain Stupide et Parasitaire. Il se garda bien cependant de montrer sa jalousie.

Ils allaient partir à la recherche de Sanzo, quand celui-ci apparut sur le seuil de la taverne. Off en fut heureuse et oublia les ordinateurs et Tala, soulagée de ne pas avoir à courir après un énième énergumène qui s’était perdu.

Ils se resservirent tous en sake et Tala regarda sa commis du coin des yeux. Cette dernière soirée allait être comme la première, elle le sentait gros. Misère ! Qu’elle aurait aimé avoir des boule-caisses ! A défaut, elle pouvait toujours se saouler la g***** ! C’est ce qu’elle s’employa à faire…Mais même avec un coup de trop dans le nez, Komi lui cassait les oreilles en chanson. Elle espéra vraiment que le présentateur de « N’oubliez pas les paroles » ne l’inviterait pas sur son plateau, pour le bien de ses téléspectateurs…

C’est ainsi que la bande d’amis passa ces derniers instants privilégiés tous réunis. Car le lendemain, Sanzo et sa petite troupe repartirait vers l’ouest pour leur mission « safari », et Tala et ses divins amis reprendraient la route de Vertu City. Off était la plus triste : devoir quitter Sanzo aussitôt après l’avoir retrouvé…

Et quelque part au village, dans une petite prison, une petite femme bleue suivait avec inquiétude les gestes de l’informaticien qui réparait son PC portable.

- Dites donc, ma petite dame !

- Quoi ?

- C’est un véritable ouragan qui a détruit votre machine.

- C’est grave ?

- Je vais faire de mon mieux. Je vais faire de mon mieux.

Sans le savoir, Off avait peut-être détruit à jamais ses chances de copulation avec celui qui pourrait devenir son Chester, celui dont elle pourrait  caresser sensuellement le bouton de démarrage, celui qui lui susurrait à l’oreille « Bienvenue avec Windows-XP ». Traduction : « je veux copuler avec toi ! XP ». Mais hélas…

Je vous rassure, l’informaticien a dit qu’il allait faire de son mieux.

 

CHAPITRE 7

Le retour de Charlie

 

Le départ du Village de la Beuh Fumée fut ponctué de beaucoup de tristesse et de regrets…

L’Homme Socialement Prestigieux regrettait que sa divine petite amie du moment le quittât ; Tala regrettait déjà ce petit paradis où la vodka et le sake coulaient à flots. Et aussi Gojyo (qui ne venait qu’après tout ça dans l’ordre de ses priorités vitales…). Ainsi que certains hommes du village (qui avaient l’air de correspondre à ses goûts…).

Gojyo regrettait de devoir rester loin de sa bien-aimée ; surtout pour cette foutue mission.

Le village tout entier refusait de laisser partir son nouveau Beuhkage. Et pourtant, il le fallait, son avenir en dépendait. Ses partiels, en fait, en fin de semestre. Mais de là à dire que son avenir en dépendait…toujours dans l’exagération, ces villageois.

Off regrettait d’avoir voulu accompagner – non! – de s’être laissé embarquer dans cette folle équipée sauvage où ils n’avaient rencontré que des rustres qui ne savaient même pas ce qu’était un ordinateur et qui, à la moindre occasion, les bousillaient. A cause d’eux, elle était frustrée. FRUSTREE. Ce mot était imprimé à l’encre invisible sur son front, dans tout son corps, dans chaque partie de son être. Ajoutées à cela : la tristesse de quitter Sanzo et l’inquiétude de le savoir si malade. Il avait eu des problèmes intestinaux, d’où la longue absence. Le pauvre n’avait osé en parler qu’à elle. Il n’avait même plus la force de lever son arme avec un retentissant : « Je vais tous vous buter si vous la fermez pas ! » quand Gojyo et Goku se disputaient. Ça le tortillait trop pour ça.

La seule à être joyeuse – et même guillerette – c’était Sandrô Komi. Elle avait obtenu en récompense l’adresse d’un bon fromager où se procurer ce qu’elle désirait. Il était au service de l’ancien Beuhkage. Komi et Esprit partaient avec la satisfaction du travail pleinement accompli, et la promesse d’un bon comté en récompense.

Le voyage de retour se passa sans incident majeur. Les quatre amis firent une nouvelle rencontre qui ne fut décisive que pour le ramiak frustré, qui était intenable. Ils rencontrèrent un homme qui, sans même le savoir comblerait en grande partie le manque d’Off… C’était un barde. Je vous passerai les détails de sa physionomie, car Off elle-même n’y fit pas attention. Elle était bien trop absorbée par l’idée de combler son état de manque pour faire attention à tout ça. Dès qu’elle entendit les premières notes de musique jouées par le musicien, elle le tira par la harpe dont il jouait, et l’entraîna derrière un mur en pierre. C'était des ruines d'on-ne-sait-quel bâtiment qui avait été construit on-ne-sait-quand. Ça change des buissons qui cachent souvent des choses auxquelles la religion n'incite pas et considère comme péché. Off tirait la harpe, que le musicien refusait de lâcher. Off l’expulsa de derrière le mur en ruines et il tomba sur les fesses, bouche bée. Des notes de musique retentissaient de temps à autre, accompagnées de joyeux couics. Quand elle eut finit et qu’elle revint, elle était de meilleure humeur. Mais elle gardait jalousement sa harpe copulatoire. Le pauvre barde repartit sans son instrument dans son Village de la Potion Bien Bue.

Le retour à Vertu City fut assez joyeux : Komi pour son comté et son gruyère (elle ne mangeait presque que ça, peut-être un reste d’une précédente incarnation, ou bien elle avait dû tomber dans la marmite…) ; Esprit pour la chasse (les Yokai était en abondance à Vertu City) ; Off pour ses ordinateurs (une grande ville comme VC, ainsi que les habitants disaient pour raccourcir le nom de leur ville, regorgeait de nouvelles technologies) ; Off en avait plus qu’assez de copuler avec sa harpe. Et enfin, notre principal protagoniste, la divine Sanglante, laoshi en débauche et perversité, qui était heureuse de ses nouvelles acquisitions (beuh, sake, vodka, HSP, qui avait rejoint son harem divin mais avait dû retourner dans son Village du Prestige Social pour affaire urgente).

Komi accompagna joyeusement son chef, le ramiak, quand il décida de foncer à la Fac au premier ordinateur qu’il trouverait. Elle ne l’accompagnait que par pur désir d’aller sur Internet. Sa dépendance n’était cependant pas aussi importante que celle de son chef. Tala, indifférente à tant de débauche informatique (peut-être parce qu’elle avait bu un petit peu beaucoup en chemin pour se protéger du ramiak qui jouait de la musique et de sa commis qui l'accompagnait en chanson), prit le chemin de la boutique. Mais en fait, elle se retrouva à la Fnac à hurler :

– Max, c’est quoi ce bordel ?

Elle était scandalisée qu’il ait osé mettre dans leur boutique des DVD d’un film à l’eau-de-rose. C’était une honte ! Même les nouveaux aménagements (avoir construit un étage supplémentaire au-dessus de leur boutique – balèze !--, l’installation de cinq escalators et d’un ascenseur), ou les CDs de métal proposés à la vente depuis son absence, ne pouvaient effacer un tel sacrilège ! Max crut rêver en entendant la voix de sa divine associée. Il courut à sa rencontre et apparut dans le même état que sa comparse de boisson. Ils ne passèrent pas inaperçu tant les retrouvailles furent émouvantes…

Chacun courut vers l’autre en criant :

- DÂÂÂÂÂÂÂÂHH !

Les fans du jeu Lapins Crétins accoururent en criant :

- DÂÂÂÂÂÂÂÂHH !

Avant de se rendre compte que ce n’était que deux personnes qui s’étaient pris une cuite peu de temps avant et qui saluaient leurs nouveaux amis en criant :

- DÂÂÂÂÂÂÂÂHH !

Les barres de prestige social de Tala et Max augmentèrent considérablement puisque les fans en question étaient venus tout droit du Village du Prestige Social.

*

Il était heureux, très heureux. Il avait réussi à trouver un foulard sur une nana qui s’était évanouie de peur en le voyant. Le foulard ressemblait à une peau de zèbre, un zèbre qu’il aurait chassé. Il était un prédateur. Et ses prochaines proies allaient le craindre.

*

Off copulait intensément avec son ordinateur. Elle, elle le regardait fixement, ses yeux plongés avec amour dans la profondeur de son écran et lui caressait fréquemment la souris, lui arrachant des petits clics d’extase. Lui, il lui ouvrait avec amour ses pages internet. Off domptait la machine ; la machine ne demandait qu’à satisfaire le moindre de ses désirs. Et quand Off avait des baisses d’énergie suite à l’effort fourni, elle sortait une barre de Kinder Bueno White avec lequel elle ne copulait que le temps de le sortir de son emballage en pensant très fortement, avec des barres Kinder à la place des yeux : « Mmh ! Choucoulat ! ». Et quand la machine avait des baisses d’énergie suite à l’effort intense fourni, il se mettait à ronronner et puisait encore plus de courant quitte à en priver les autres ordinateurs, qui se mettaient aussitôt à afficher des rapports d’erreur, à ralentir sur le Net, ou à s’éteindre totalement.

Et pendant ce temps, Komi et d’autres malheureux étudiants dans les salles informatiques attendaient le bon vouloir de leurs machines, s’impatientaient et faisaient des crises de nerfs, ou partaient la tête basse. Ou encore les trois à la fois. Esprit, insensible à toute cette agitation, chassait des corbeaux à l’extérieur sur le campus. Les corbeaux étaient légions car les poubelles de la Fac se laissaient bien volontiers percer les sacs poubelles pour montrer leur mécontentement au personnel d'entretien qui allait se plaindre à la direction. L'objectif des poubelles de la Fac était de faire en sorte que la direction installe plus de poubelles, histoire qu'elles se sentent moins seules et qu'elles soient moins remplies.

On trouvait plusieurs nationalités de corbeaux. Oui, cela s'entend tout de suite, parce qu'ils poussent des cris avec des accents différents. On comprend alors pourquoi d'un pays à l'autre, les animaux poussent des cris différents ; ce ne sont pas les habitants qui ont des oreilles différentes selon les pays.

*

Les jours s’écoulèrent paisiblement. Tala et tout son petit cercle divin de consommateurs de beuh ne quittaient pas leurs joints, profitant de l’abondance de beuh. Le ramiak ne quittait pas ses ordis universitaires, et Komi ses pages blanches à noircir de ses fics, Esprit à côté d’elle lui donnant quelques idées à développer entre deux siestes canines.

Off, Tala et Komi (toujours accompagnée de son chien) décidèrent de se retrouver un midi pour manger ensemble. Tala se roula une cigarette et resta dehors à la fumer pendant que Komi et Off allaient s’acheter un sandwich pour l’une, et à boire pour l’autre. La file d’attente paressait interminable. Off en eut marre et décida de sortir et d’aller au distributeur de boisson. Elle se dirigeait vers la sortie quand elle le vit : Charlie. Elle rejoignit Tala en courant, pour l’avertir. Charlie, pendant ce temps, continuait d’avancer de sa démarche souple de félin, son bandana blanc et noir lui tombant fièrement devant les yeux.

[Megadeth – Simphony of Destruction-00 :12 to 00 :47 ; thème de puissance]

Il se dirigeait droit sur Komi, qui avait préféré lui cacher qu’elle le fixait un peu trop attentivement un peu plus tôt. Quand il fut assez près pour qu’elle remarquât les détails de son bandana, elle vit qu’il était cousu de fils d’or entre les zébrures noires et blanches.

- Hé !

Komi ne l’entendit as. Ce n’est que quand il posa la main sur son épaule qu’elle comprit que Charlie cherchait à communiquer et à se créer des liens sociaux au sein de la Fac.

- Hé ! Tu diras à ta copine qu’elle a raison de me craindre, dit-il d’un ton sinistre.

- Laquelle ? demanda impulsivement Komi.

Comme il connaissait déjà Tala, et personnellement en plus, Komi ne sut pas bien tout de suite de qui il voulait parler.

- Celle qui s’est enfuie en courant.

Et sur ce, il repartit ; sans rien commander, sans laisser à Komi le temps de demander de qui il voulait parler car cette réponse ne fut pas plus claire pour notre brave KOD (Komi Officielle des Divinités) que la précédente, surtout si on prend en compte qu’elle n’avait pas vu sa chef partir en courant. Quand elle eut payé son déjeuner, elle sortit presque aussi vite que le ramiak un peu plus tôt, et pour la même raison : un évènement marquant à raconter. Lorsque Komi cessa suffisamment de rire pour pouvoir faire le récit de ses aventures charlitiques, elle ne négligea aucun détail : elle y mit le ton et les gestes.

- Quoi ?! Mais pas du tout, faut qu’il arrête, se révolta Off. Il me fait pas peur !

- Il t’a vraiment dit ça ? demanda Tala.

Komi confirma.

- Mais il est vraiment pas bien. Il m’avait pas paru très net quand je l’ai rencontré la première fois, mais là, il bat tous les records. Et déjà, comment ça se fait qu’il ne soit plus en prison ?

- T’es le Beuhkage, t’as qu’à demander.

- Bien trouvé, mon Ramiak. Je vais les appeler.

Tala sortit son portable et composa le numéro du Ministère de la Beuh

- Bonjour, Ministère de la Beuh. Que puis-je pour vous ? lui demanda la standardiste.

- C’est ton Beuhkage qui te parle.

Elle entendit une certaine agitation à l’autre bout du fil et des cris de joie. La voix qui parla était celle d’un homme.

- Divine Beuhkage, votre Premier Ministre à l’appareil. Que puis-je pour vous servir ?

La voix qui venait de parler était celle plus grave d’un homme.

- Me dire où est le prisonnier Charlie, par exemple.

- Pourquoi cette question ?

- Est-ce qu’il ne se serait pas échappé, par hasard ?

- Comment avez-vous deviné ?

- Je suis une déesse ! Tâchez de ne pas l’oublier ! Comment s’y est-il pris ? Pourquoi n’ai-je pas été mise au courant ?

- Nous ne voulions pas vous alarmer en vain…

- En vain ?! Ce destructeur de beuh traîne quelque part dans la nature, et vous jugez « vain » de me prévenir ?!

- Mais…

- STOP ! Je m’en vais vous le ramener, moi ! Bande de boulets.

Elle entendit encore son Premier Ministre protester, mais elle lui raccrocha au nez. Autant le laisser mariner sur l’humeur de Tala : ainsi il ne recommencerait pas à lui taire des informations cruciales.

Tala se constitua une équipe de détectives et décida de filer Charlie. Mais il avait l’art du camouflage, même si ce n’était sûrement pas grâce à ses habits. Plutôt grâce à un certain don de l’évaporation qui lui venait peut-être de la caféine du café-crème. Un des mystères talaistes, enfin dans l’environnement talaiste, car ne considérez pas Charlie comme talaiste. On doit craindre la déesse (ou pas) mais en aucun cas chercher à se faire craindre d'elle. D'ailleurs, il est fort peu probable que qui que ce soit parvienne à l'effrayer. Tala et ses amis décidèrent de le chercher séparément, mais là non plus, aucune trace. C’est comme de chercher des heures ce qu’on a juste sous son nez. Charlie restait introuvable : peut-être avait-il le don de flairer au loin le danger ? Peut-être un sixième sens ? Son instinct de conservation, développé lors de ses nombreuses cavales ? Charlie était un habitué des listes de recherche de police.

Tala fit passer le mot : tout le monde joua à « Où est Charlie ? ». Ceci devint le passe-temps favori des étudiants en mal de bonne humeur et de loisirs. La nouvelle tâche de nos irréductibles talaistes fut donc de trier les infos qu’ils collectèrent car nombreux étaient ceux qui le virent, ou en tous cas qui dirent l’avoir vu. Le jeu de Charlie est resté dans les petites habitudes de tout étudiant. A tel point que lontemps après son admission en HP, son nom sera connu des anciens et nouveaux élèves. Une légende aura vu le jour. La réputation du type chelou de Vertu City était loin de s'effacer des mémoires étudiantes.

Nos fameux talaistes passaient leur temps à trier des montagnes et des montagnes et des montagnes de témoignages enregistrés, tentaient de trier le vrai du faux, et d’en tirer les points communs sur les habitudes de Charlie. Tout cela représentait un travail titanesque ; imaginez-vous que Charlie errait sans but, entre la Bibliothèque universitaire, la cafétéria et les salles infos, tout en s’évaporant entre chaque lieu, quand il ne longeait pas les murs, sans parler des témoignages de ceux qui l’avaient vu à la Fac et peu de temps après à la Place Sparrow, en plein cœur de Vertu City, sans parler de ceux qui dirent l’avoir vu faire les poubelles pour en sortir des magazines. Il ressortait de tout cela que Charlie devait être un homme cultivé et sociable (ce qui s’explique par son passage à la cafétéria…). Sans compter que parmi tous ces témoignages, il devait y en avoir des faux.

D’après quelques témoignages, je sais de source sûre que Charlie aurait abandonné son look pour quelque chose de plus commun, à la sortie de l'Hôpital Psychiatrique. Notre irréductible bandana-man aurait décidé de corser le jeu « Où est Charlie ? », donc attention à vous, jeunes apprentis chercheurs de Charlie. Il vous faudra donc faire preuve de patience et de vigilance, car contrairement aux chercheurs de la génération bandana, vous n’aurez pas le bandana comme indice !

Off le croisa beaucoup. Il ne l’importuna plus, ne la regarda plus, ou presque plus, les fois où leurs routes se croisèrent. Off avait ses chaleurs informatiques, d’après ce qu’un médecin dit à Tala quand cette dernière emmena son Ramiak à l’Infirmerie Universitaire. Tala était inquiète depuis leur retour du Village de la Beuh Fumée. Son Ramiak avait l’air malade dès qu’il ne s’approchait pas d’un ordinateur. Et ça avait même dévié sur les objets quelconque comme les feuilles de papier ou encore les instruments de musique. La harpe avait d’ailleurs été depuis longtemps abandonnée quelque part au Manoir de la Débauche. Gauthier, le Troubadour de la Débauche avait été heureux d’essayer ce nouvel instrument. Hélas pour la harpe, elle finit une fois de plus abandonnée quelque part. L’instrument, s’il avait une conscience, aurait pu penser qu’il avait enfin trouvé un acquéreur en la personne de Komi, quand elle gratta un peu les cordes de la harpe. Mais notre jeune KOD s’en désintéressa vite pour retourner à ses papiers et crayons. La harpe fut donc oubliée dans un placard, parce que c’est là que la femme de ménage, qui était trop fainéante pour faire le ménage, avait rangé l’objet un jour où elle faisait enfin ce pour quoi elle était payée. Elle fut d’ailleurs renvoyée par la Sanglante et remplacée par une femme de ménage plus efficace.

Quand elle accompagna son Rouski à l’Infirmerie Universitaire, Tala ne se doutait pas que son Divin Animal puisse avoir un truc comme des chaleurs informatiques. Elle ne se doutait même pas que ceci pût exister. D’après le médecin, son pauvre Ramiak de Elle, comme elle se plaisait à l’appeler, avait attrapé une sorte de virus en surfant sur le Net. Le médecin ne préconisa aucun traitement car il n’en avait pas à préconiser. Et il n’était pas des plus enthousiastes quant à l’avenir. Selon lui, l’état du Divin Rouski Ramiak irait en empirant.

Off passait donc le plus clair de son temps dans les salles informatiques, accaparée par ses copulations, et interrompue sans cesse au moment fatidique par Charlie. Oui, le revoilà, celui-là. Le gêneur n’apparaissait jamais dans les salles informatiques en présence de qui que ce soit d’autre que le Ramiak pour la simple et bonne raison qu’Off était la seule à s’enfermer dans des salles pleines d’ordinateurs en pleine surchauffe par une chaleur torride à faire mourir tout ce qui traînait sous les rayons ardents du soleil. Charlie interrompait Off pour demander à ce qu’on lui ouvrît une session informatique sur l’ordinateur malchanceux qui avait été choisi pour victime par Charlie.

Komi le rencontra à plusieurs reprises. En bonne talaiste, Grand Scribe accompli et fiqueuse compulsive, elle nota sur un petit agenda les moindres faits et gestes du buveur de café-crème. Tout était très détaillé et très complet. Un vrai travail de détective professionnel. Pro, c’était le mot. Fière de son travail, la petite commis s’en alla trouver sa déesse qui demanda à ses fidèles talaistes et autres comparses, après consultation de cette mine d’information, d’errer le plus souvent possible à la Cafétéria Universitaire. Car elle avait en effet remarqué que le problème avec les habitudes de Charlie, c’était qu’il n’en avait pas, justement. Le seul point commun à toutes ses allées-et-venues, c’était son café-crème. Comme si Charlie était né pour le café-crème. Ou le café-crème, inventé pour lui. S’il devait exister une boisson qui serait pour Charlie ce qu'était la vodka pour Tala, ce serait bien le café-crème.

Tala, aidée par une Komi enthousiaste et abandonnée par un Ramiak en chaleur informatique et une Titishka et un Max occupés on-ne-sait-où et à on-ne-sait-quoi, décida donc de passer le maximum de ses journées à la Cafétéria Universitaire, occupée à boire non pas de la vodka, mais des granitas (et Komi suivant son exemple), dans l’espoir d’un café-crème charlitique. L’avantage aux granitas pour Tala et Komi, c’était que Komi ne risquait pas de casser les oreilles divines de son chef divin par des chansons de son répertoire. Tala préférait encore quand sa COD jacassait à tort et à travers. Malheureusement pour cette chère divinité échouée parmi les mortels, il y eut quelqu’un qui prit un malin plaisir à écrire sur le grand rouleau de sa vie qu’une commis lui casserait les oreilles par ses bavardages incessants. Le sixième sens de Charlie ou son instinct de survie plutôt, dut se désactiver, ou bien l’appel du café-crème était-il trop fort pour y résister, car Komi et Tala tombèrent sur lui et purent enfin le filer ; et pas besoin de suivre l’odeur du café-crème fumant pour cela, Charlie ne s'évapora pas et prit son petit temps pour errer.

Tala n’avait plus son divin pouvoir, temporairement, car il devait être révisé et remis à jour. C’était le QCM, le Quartier Céleste de Maintenance qui s'en chargeait. Les pouvoirs divins de Tala, qu’elle avait depuis que Dieu l’avait créée, avaient besoin d’une remise à jour hebdomadaire, un peu comme un logiciel ou un programme ; c’était mieux pour une plus grande efficacité. Il existait des ingénieurs célestes spécialement créés pour inventer des nouveaux pouvoirs ou améliorer ceux déjà existants. Dieu avait créé Tala grâce à une machine un peu dans le même style que celle dont Belzébuth s’était servi pour créer Max. Cette même bonne vieille MDCNQ de Belzébuth qui, rappelons-le, avait aussi créé le Rouski Ramiak et la Commis, comme l’explique si bien le Streukhnut. Tala ne put donc pas utiliser son pouvoir, alors sa commis et elle se contentèrent de ne pas perdre Charlie de vue.

Mais au bout de trente minutes de filature, elles furent apostrophées par Atcha le Dresseur de Choses du Village de la Beuh Fumée. Par miracle, Charlie ne s’aperçut pas qu'il était filé.

- Salut !

- Pas toi ! s’exclama Tala, qui avait gardé un très mauvais souvenir de la mode du micro-pénis no jutsu.

- Quoi ? Tu vas regretter, un jour tu regretteras de ne pas être l’amie du plus…

- M’en fous.

- Un jour, je serai le meilleur Dresseur… (et il continua en chanson le célèbre générique…)

Je me battrai sans répit

Je ferai tout pour être vainqueur

(Et gagner les défis

Je parcourerai le terre entière

Bravant avec espoir

Les choses et leur mystère

Le secret de leur pouvoirs)

Il s’arrêta net à « vainqueur » en voyant Tala sortir ses écouteurs et son mp3. Tala préférait de loin Immortal à ce pseudo-chanteur de la messe du dimanche. Elle déroulait le fil de ses écouteurs qui était enroulé autour de son mp3, le jeune homme lui demandant :

- Qu’est-ce que tu fais ?

- T’es pire que Komi.

- Komi ? C’est quoi ?

- C’est elle, fit Tala, d’un ton laconique en désignant son Divin Scribe.

Atcha fronça des sourcils et sortit de sa poche un petit engin plat et rouge qu’il ouvrit. C’était un petit ordinateur de poche apparemment.

- C’est quoi ? demanda Komi.

- Mon Chosédex, lui répondit Atcha en mettant l’appareil face à elle.

- Komi, commença à parler une voix féminine. Chose de type commis. Son air enthousiaste et naïf, et sa docilité en font une chose facile à vivre, mais attention à son attaque Casserole. Une voix redoutable qui peut casser les oreilles de qui a le malheur de l'écouter.

Tala haussa un sourcil à l’énoncé des traits de caractère de sa commis. Atcha la regarda faire, surpris, avant de pointer l’appareil dans sa direction. Ainsi, Tala n’échappa pas non plus au coup du Chosédex, et ce, simplement pour son haussement de sourcil !

- Qu’est-ce que tu fais ? se renseigna celle-ci.

Mais ce fut vain, car Atcha était trop absorbé par son Chosédex.

- Tala, chose de type déesse. Ses attaques de débauche et de perversité sont très connues et appréciées. Les plus connues sont « Défoncé de la Mort-qui-tue » et « Beurré de la Mort-qui-tue ». Chose fondatrice duTalaismecrééeparunemachinedivinequi…

L’appareil se mit à parler de plus en plus vite. Tellement vite qu’on ne comprenait rien. Puis il grésilla et se mit à fumer comme dans les vieux épisodes de « Mission Impossible ». Ils devaient avoir le même type d’appareil qu’Atcha… La voix s’éteignit après avoir longtemps cafouillé, et l’appareil finit par exploser. Alors qu’Atcha faisait le deuil de son Chosédex, et vu l’étendue de son chagrin il devait se permettre beaucoup de copulations de type ramiak avec ledit appareil, Komi et Tala se retenaient de rire, du moins Komi, car Tala s’en moquait comme de ses premières chaussettes (il y a plus de 2 000 ans. Cela devait déjà exister. Et si ce n’est pas le cas, Tala l’aura inventé aussi ).

Elles laissèrent le pauvre Atcha agonisant devant les restes de son mini-ordinateur et reprirent leur filature. Atcha retint une bonne leçon comme à la fin de chaque épisode qui narrait ses aventures. La morale de ce jour-là aurait pu être : « Tout le monde il est pas beau, tout le monde il est pas gentil ». Ce jour-là marqua le passage d’Atcha du côté obscur de la force. Il devint Darth Chose et prit la tête de la Team Society à la place de Cyrus. C’est ainsi qu’il devint en effet le plus grand dresseur de choses.

*

Tala enrageait ; Atcha leur avait fait louper leur coup. Et comme un fait exprès, maintenant qu’elle avait retrouvé son pouvoir divin qui faisait trembler de peur, ils avaient à nouveau perdu sa trace. Et Tala était lasse de le filer ou de l’attendre comme le ferait une fangirl. Or, on n’avait jamais vu et on ne verra jamais Tala de la Sanglante courir après ce type en criant : « Charlie, Charlie ! WAHOW ! » et brandir une pancarte en accord avec un T-shirt qu’elle ne porterait jamais où il serait écrit : « I love Charlie ». Tala délégua donc la charge de trouver Charlie à sa KOD, qui était plus que partante pour cette mission qui lui changerait agréablement de ses tâches de Grand Scribe Divin. Ensuite, Tala partit rejoindre ses Camarades de la Beuh et de la Boisson, et tous ensembles, ils partirent pour la Place Sparrow, répandant la débauche sur leur passage.

Non, j'exagère un peu, il ne débauchèrent personne, car la plupart des talaistes en présence n'aime pas les gens. Et pour preuve, en chemin, une bande de jeunes écoutaient du rap à fond derrière leur petit groupe. La bande de jeunes semblait se rendre au même endroit qu'eux. Agacés, les débauchés talaistes firent sortir à l'un d'entre eux un portable et continuèrent leur bonhomme de chemin jusqu'à la Place Sparrow au son de « Grand Declaration of War ». La bande de jeunes fans de rap se dépêcha de traverser, et voyant que rien n'y faisait, de prendre une rue parallèle à la rue où ils se trouvaient histoire d'échapper à cette musique qui cassait leur petite oreilles innocentes. Une dame d'un certain âge fut beaucoup moins farouche qu'eux. Elle arrêta Tala en lui demandant si le groupe qu'ils écoutaient était bien Mayhem. Sa question innocente surprit Tala et ceux de son entourage. Même Tala que rien ne pouvait plus surprendre, notamment depuis qu'elle avait fait la rencontre de Shunraï ( petite dame d'un âge respectable rencontrée en 1988, pendant le années les plus heureuses de son mariage avec Sephiroth), tomba justement des nues.

Les Ignorants, ceux qui, honte à eux, ne connaissaient pas le Talaisme, se demandèrent ce que c’était que ce grand rassemblement. Ils se demandaient de quoi allaient bien encore pouvoir se plaindre les étudiants en manifestant le jour où Mme le VCkage, faisait le discours d’inauguration de la nouvelle place de la ville. La place était passée de blanche et or à noir, argent et rouge, pour la plus grande satisfaction de Tala, qui avait graissé la patte de quelques employés du Conseil communal. Le designer chargé du concept de rénovation, en revanche, n’était autre qu’une entreprise nouvelle sur le monde du marché, la Team Society. Un des Camarades du Pète ne trouva rien de mieux de jouer au jeu de la Baffe de la Mort(-qui-Tue) avec Mme XX, le VCkage. Afin de préserver l’anonymat de ce petit plaisantin qui avait peut-être respecté d’un peu trop près les préceptes enseignés par le Talaisme concernant la Beuverie, je ne révèlerai pas son nom ici dans cet ouvrage. Peut-être aussi parce que plus personne ne se souvient de son nom du fait qu’un autre fut accusé à sa place, à savoir Charlie le type chelou de Vertu City.

Le Camarade n°666, comme j'appellerai donc le véritable coupable de cet attentat contre le maire, devait avoir trop vu faire Leroy Jetro Gibbs, le fils caché de Shinigami-sama. Car le Camarade n°666 fit ce que personne n’avait jamais eu l’idée de faire : il mit une tapotte à l’arrière du crâne de Mme XX. Dans le désordre général causé par des évadés de l’hôpital psychiatrique du coin (caresses aux pavés ; escalade de la statue de jack Sparrow afin d’habiller le doigt d’honneur qu’il faisait d’un magnifique préservatif phosphorescent, longues conversations amoureuses avec les lampadaires, chasse aux pigeons pour faire de belles collectes de plumes, plantation de cailloux dans les bacs à fleurs pour obtenir du cannabis, raconter des choses sans queue ni tête ; etc), on ne vit pas le coupable. Mais tout le monde fut persuadé de l’avoir vu, ce « type chelou » avec un bandana sur la tête et des petits yeux mauvais. Charlie, qui traînait par-là, fut donc arrêté et subit une fouille au corps sous les yeux attentifs de Komi qui avait enfin réussi à retrouver sa trace et l’avait suivi jusqu’à la Place Sparrow.

Komi ne rata pas une miette de la fouille au corps. Les policiers s’attendaient à trouver de la drogue sur lui, tellement son pantalon était bombé de la taille jusqu’au genou. Sadiques, les policiers lui firent baisser son pantalon. Komi détourna le regard, de peur de voir d’affreux bouton-pression comme ceux qu’il avait sur le crâne, sous le bandana. Charlie ne se laissa pas faire : il tenta d’impressionner son monde avec ses « Vous avez raison de me craindre ! ». La curiosité de Komi finit par l’emporter et elle observa de nouveau la scène. Il y avait des tas de liasses de billets roulées que les policiers regardaient avec des airs éberlués. L’un d’eux s’amusa à les compter… Au bout d’un certain temps, il en vint à cette somme astronomique : 40 000, 57 €. Cachés dans un boxer un peu plus long que la normale et bien serré assorti à la couleur du « bandana » actuel, le foulard zébré trouvé je-ne-sais-plus-où. Komi aurait aimé savoir où il s’achetait ses fringues, non pas pour s’en acheter (sa Déesse l’en préserve !), mais bien pour compléter ses notes sur l’individu. Question existentielle : y avait-il des fils d’or brodé sur ce boxer, comme sur le bandana ? Cette question traversa l’esprit du Divin Scribe, mais cela ne l’empêcherait pas de dormir, même si elle n’avait pas eu de réponse à cette question.

La provenance de tout cet argent l’intriguait encore plus. Et l’endroit que Charlie avait utilisé comme cachette, plutôt que la banque de Vertu City, la Cresus Bank. Et ajouté à cela le mystère de l’identité de Charlie : ils ne savaient rien de son passé. Trop d’émotions pour Komi ; la pauvre avait l’esprit en ébullition. Elle notait fébrilement tout ce qu’elle remarquait dans un petit bloc-notes. Lorsque sa main fatiguée cessa d’écrire et que Komi leva le nez, elle remarqua que tout le petit gratin de VC venu assister au discours de Mme XX était reparti dans ses bureaux ou chez soi. Il ne restait que des touristes et des promeneurs. Tala et ses talaistes étaient repartis chez eux au Manoir de la Débauche, sans savoir que la commis qu’ils chercheraient partout au manoir et qu’ils finiraient par croire encore perdue n’était en fait pas si perdue que cela ; juste un peu esseulée. Surtout avec son chien qui avait été envoyé sur une mission pour infiltrer une fourrière qui faisait du trafic de drogue grâce aux animaux auxquels ils faisaient ingérer les sachets contenant la drogue.

Ainsi le monde fut-il sauvé de la nuisance charlitique et Komi fut-elle laissée à l’abandon.

Un peu plus tard, alors que Komi relatait fiévreusement les aventures de Tala et ses divins adeptes, ou plutôt celles des évadés de l’HP, Tala était assise devant un bon café au manoir. La Flicaille Vertueuse, l’unité d’élite de la police dut tout de même sentir le trafic de substances illicites à des kilomètres à la ronde car elle apparut Place Sparrow et fit le tour d’inspection des poches. Tous ceux avec les poches pleines furent arrêtés. Les talaistes avaient recrutés de nouveaux adhérents au talaisme, parmi les touristes. Ceux-là échappèrent aux fouilles corporelles, car ils montrèrent leur Carte du Talaisme (carte, avec votre identité et votre fonction au sein de la secte dessus, signée et approuvée par Tala ; si vous n’en avez pas, foncez demander votre bulletin d’adhésion à Komi car c’est elle qui s’occupe de la paperasse. Les agents de la Flicaille Vertueuse regardaient d’un air sceptique ces cartes brandies par leurs propriétaires comme s’il s’agissait de badges de police.

*

- Nous sommes de retour…

- Pour vous jouer un mauvais tour…

- Afin de préserver le monde de la dévastation…

- Afin de rallier tous les peuples à notre nation…

- Afin d’écraser l’amour et la vérité…

- Afin d’étendre notre pouvoir jusqu’à la Voie Lactée…

- Jessie !

- James !

- La Team Rocket !

- Plus rapide que la lumière !

- Rendez-vous tous ou ce sera la guerre !

- Miaous ! Oui la guerre !

- Kulbutoke !

Darth Chose éteignit la télé. Rien de beau. Et en plus, que des dessins animés qui le parodiaient, lui et sa société. Il frappa du point sur l’accoudoir, ainsi qu’il avait vu faire le grand méchant dans ''Inspecteur Gadget'', et fit tomber la télécommande. Il n’y prêta pas attention, tout à ses pensées. Il allait leur montrer à ces ignorants, ce qu’était le terrifiant pouvoir du côté obscur de la Chose.

*

Loin de toutes ces pensées malfaisantes, les talaistes vaquaient joyeusement à leurs occupations. Tala, toute à son café ; et son Ramiak, toute entière à sa copulation, en avait oublié qu’elle avait une déesse et une commis.

De son côté, Darth Chose avait un plan qui le mettait de bonne humeur.

A la télé, la Team Rocket s’était une fois de plus envolée vers d’autres cieux.

Ce chapitre pourrait presque clore cette histoire, avec les gentils qui finissent heureux mais n’ont pas beaucoup d’enfants (sauf dans le cas des futurs 666 enfants de la Sanglante), et les méchants sont punis. Je fais bien sûr référence à la Team Rocket qui n'apprécie guère les voyages célestes...

 

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